L’euro en partie responsable
Quasiment tous les pays de la zone euro ont connu des débats sur la réalité" des chiffres de l'inflation, remarque Dominique Guédès, de l'Insee.
Même le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet, a récemment reconnu que les citoyens "perçoivent des augmentations de prix supérieures à ce que nous croyons être la vérité".
En France, où la hausse des prix a officiellement atteint 1,6% en 2006, l'Insee tente de "dissiper les malentendus" en lançant un calculateur personnalisé, disponible mardi sur son site internet, emboîtant le pas à l'Allemagne et la Grande-Bretagne.
Statisticiens et économistes font valoir que les indices comptabilisent non seulement les produits de consommation courante comme l'alimentation et le logement, qui ont beaucoup augmenté ces dernières années, mais aussi des dépenses plus occasionnelles comme les voyages, les télévisions ou l'électroménager, qui ont parfois nettement baissé.
En Italie, les chiffres de janvier prennent ainsi pour la première fois en compte les cartes de mémoire numériques ou les couettes, mais plus les couvertures, les cassettes vidéo ou les appareils photo classiques.
Par exemple, "tout le monde a maintenant son téléphone portable, même les adolescents".
Il y a aussi un "effet euro", remarque-t-il. "On achète plus facilement des produits à 15 euros qu'on achetait ceux à 100 francs".
Le cabinet d'étude Bipe prônait il y a quelques mois un calcul du pouvoir d'achat fondé sur les dépenses incompressibles, comme le remboursement des crédits (non pris en compte par l'Insee), les loyers, les assurances obligatoires et les transports collectifs, mais sans intégrer l'essence ou le téléphone mobile, estimant qu'ils relèvent d'un arbitrage des ménages.
L'Insee note qu'il publie également un "indice des ménages urbains dont le chef de famille est ouvrier ou employé", qui reflète peut-être mieux la hausse des prix pour les foyers modestes que l'indice global.
Pour le magazine 60 millions de consommateurs, ce dernier a, entre autres, plusieurs vices: il prend en compte le logement "à seulement 6% des dépenses des ménages, alors qu'elles en représentent 20 à 25%.