Quand le vent du « libre » a soufflé
Emboîtant ainsi le pas à certaines administrations centrales, à l'instar de la Gendarmerie nationale, l'Assemblée s'est donc tournée vers l'open source, le « libre » comme il est d'usage de le dire.
Dès lors, toute l'organisation de la vieille institution a été chamboulée et les députés, anciens et nouveaux, se sont vus tous dotés d'un ordinateur portable aux caractéristiques révolutionnaires, dans tous les sens du terme.
De Windows il n'était plus question. D'Office et SharePoint pas davantage. Tous les postes de travail tournent désormais sous une distribution Linux gratuite, Ubuntu, le socle de la machine puisqu'il s'agit là de son système d'exploitation et sont en outre équipés de la suite bureautique, également gratuite et bien connue, Open Office.
L'avantage ? Pas de licences à payer. Plus d'« américanisme » à l'Assemblée. Point barre …
Parce que d'autres charges sont nées : l'installation, le déploiement, la maintenance, la formation, … sont venus se substituer à ce qui était auparavant naturel, autant de prestations censées créer des richesses nationales puisqu'elles permettent à des sociétés de services spécialisées d'en vivre. Et plutôt bien d'ailleurs !
En revanche, les pilotes de certains périphériques n'existant pas, il n'est donc plus question de les utiliser. Idem pour les Smartphones qui se synchronisaient automatiquement et naturellement auparavant sans qu'il soit nécessaire d'en faire un plat.
Mais il y a plus grave : le travail collaboratif, les espaces et documents partagés, la programmation des réunions et autres travaux des groupes de travail et commissions sont devenus pires qu'un casse-tête chinois. La rationalisation s'est avérée source de désorganisation.
En évinçant ainsi la première fortune du monde des salons dorés de l'Assemblée, les « politiques » de l'informatique ont cru bouter hors de France ce pavillon américain qui flottait comme sur tant d'entreprises, administrations, collectivités et même foyers français comme dans le reste du monde.
En revanche, ce qu'apparemment les « politiques » de l'informatique semblent totalement ignorer c'est que la Fondation qui porte et finance les évolutions d'Ubuntu n'est autre que la propriété d'un multimilliardaire sud-africain, dont l'origine des fonds d'ailleurs est parfois discutée.
La grogne monte et est devenue telle dans les couloirs où se croisent les élus de la représentation nationale que l'on peut d'ores et déjà parier sur deux choses : de nombreux « couacs » présents et à venir dans les travaux d'une part puis, dans un second temps, le « retour au bercail », comme l'a d'ailleurs fait le parlement allemand durant l'été dernier, d'autre part.
Quelle mouche a donc piqué les informaticiens et experts près l'Assemblée ? La Fontaine, notre grand moraliste, eût sans doute trouvé les mots pour le dire. Pour en rire. Car de cet épisode qui fâche et nuit à l'efficacité il vaut mieux, pour le temps qu'il durera, le prendre avec philosophie …