Une perte égale à 43% de son chiffre d’affaires !
Les deux principaux actionnaires du quotidien, le banquier Edouard de Rothschild (38,8% du capital) et la Société civile des personnels de Libération (SCPL, 18,4%) disposent tous deux d'un droit de veto sur les grandes décisions touchant à l'avenir du journal.
Or, ils sont fortement divisés sur les moyens de résoudre la grave crise financière que le quotidien traverse depuis plusieurs mois.
Libération, qui réalise 30 millions d'euros de recettes annuelles pour près de 135.000 exemplaires vendus, devrait achever l'année 2006 sur une perte d'exploitation de 13 millions d'euros.
M. Rothschild ne serait pas opposé à la personne même d'Edwy Plenel
Mais tant la SCPL que les syndicats le jugent "inacceptable", estimant que ce plan, élaboré dans une logique purement financière, ne permettrait pas de redonner un second souffle au journal et le "condamnerait à court terme".
Ils soutiennent un projet interne, préparé en collaboration avec l'ancien directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel. Or celui-ci propose de réfléchir en premier lieu à une relance éditoriale de Libération qui doit "assumer clairement d'être le quotidien de gauche", en s'appuyant à la fois sur l'édition papier et sur un renforcement du site internet.
Grâce à une progression des ventes au numéro, à une réduction de la pagination et à des départs volontaires, il compte réaliser 10 millions d'euros d'économies en 2007.
Démentant des rumeurs internes à Libération, les proches de M. Rothschild affirment que le banquier n'est pas opposé à la personne même d'Edwy Plenel, mais considère que ce projet interne n'est pas viable.
Si les actionnaires n'arrivent pas à trouver un compromis, l'administrateur judiciaire nommé par le tribunal de commerce de Paris, Régis Valliot, pourrait jouer un rôle d'arbitre afin de sauver Libération du dépôt de bilan et de la liquidation.
Car si le quotidien fait l'objet, depuis le 4 octobre, d'une procédure de sauvegarde, qui permet le gel de ses dettes et de ses créances pendant six mois, il faudra bien un jour payer la note et ainsi régler salaires et factures, des obligations impossibles à tenir sans apports d’argent frais ...