Le directoire de sa maison-mère, l'éditeur Axel Springer a décidé mardi que le journal, qui tire chaque jour à 3,44 millions d'exemplaires et revendique quelque 11,5 millions de lecteurs, serait désormais confectionné à Berlin.
La décision ne faisait plus de doutes depuis que le rédacteur en chef du journal, Kai Diekmann, avait déclaré début mai dans un entretien à la Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ) son amour aussi inattendu qu'immodéré pour Berlin.
Berlin est le centre politique et culturel et la ville tendance d'Allemagne", s'était-il épanché.
"Nous sommes convaincus que dans la durée, nous ne pouvons pas maintenir un grand média national comme Bild en dehors du centre politique national", avait-il ajouté.
C'est pourquoi "nous pensons que notre avenir journalistique se trouve dans la capitale", avait-il conclu.
Un point de vue évidemment partagé par le patron de Springer, Mathias Döpfner, pour qui c'est à Berlin que "se trouve la matière brute du journalisme" avec la présence notamment du gouvernement.
Quelque 700 personnes, dont de nombreux journalistes, vont devoir faire leurs valises et s'installer dans un grand immeuble de verre, siège d'Axel Springer, à Berlin.
Il est loin le temps où les rotatives tournaient à plein régime à Berlin.
Et si depuis 1999, la ville est redevenue la capitale politique du pays, le coeur économique du pays bat toujours à Munich ou Francfort.
Près de 17 ans après la Réunification, l'Allemagne compte ainsi plus de 350 quotidiens, tirés chaque jour à près de 27 millions d'exemplaires.
Malgré sa valeur symbolique, le déménagement de Bild ne bousculera pas l'ordre des choses.
Hambourg est et demeure de loin la grande ville de la presse avec quelque 17.000 entreprises impliquées dans les médias, 130.000 salariés et plus de 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires annuel, selon la Chambre de commerce et d'industrie locale.
Le grand port du nord abrite des rédactions aussi prestigieuses que celles des hebdomadaires Der Spiegel et Die Zeit ou de l'édition en allemand du Financial Times.
A Berlin, la présence de ces journaux ne se résume qu'à une rédaction locale.