Mattel est l’une des premières marques au monde à avoir adopté un code de conduite pour ses fournisseurs. Pourtant, au cours de ces 15 dernières années, les conditions de travail dans ses usines comme chez ses fournisseurs, se sont détériorées, en même temps que sa politique de responsabilité sociale s’affaiblissait.
Résultat : des abus tout au long de sa chaîne d’approvisionnement, qui touchent directement la sécurité et la vie de dizaines de milliers d’ouvriers et d’ouvrières. Les enquêtes menées révèlent au moins 15 violations des droits et de l’éthique dans quatre usines employant en tout 10 000 travailleurs-ses : heures supplémentaires illégalement sous payées et excessives ; travail forcé ; nombreux problèmes de santé et de sécurité au travail ; absence de formation des ouvrier-e-s ; absence d’examens médicaux ; difficultés à démissionner ; irrégularités dans les contrats de travail ; travail non rémunéré ; absence d’assurance sociale ; recours abusif à des travailleurs intérimaires ; salaires insuffisants pour vivre dignement; mauvaises conditions d’hébergement et d’alimentation ; règles disciplinaires abusives et absence de mécanismes de plainte efficaces.
Des violations qui pourraient avoir des implications juridiques en Chine. Ainsi, Winty Industries à Shenzhen ne paie ses employé-e-s permanents que 10 yuans (1,2 euros) et ses travailleurs-ses intérimaires 7,5 yuans (soit 0,93 euros) par heure supplémentaire, alors que la loi chinoise fixe la rémunération minimum à 12,8 yuans (soit 1,6 euros) de l’heure. Une infraction qui pourrait lui coûter des millions d’euros en arriérés de salaires.
Ces usines font travailler leurs ouvrièr-e-s deux à six fois le maximum autorisé par la loi (36 h supplémentaires par mois). Les travailleurs-ses de Dong Yao Toys font ainsi systématiquement 180 à 210 h supplémentaires par mois pendant les pics de production, travaillant jusqu’à 13 heures par jour, tous les jours du mois.
Enfin, plusieurs produits chimiques sont utilisés dans la fabrication des jouets. Mais nombreux sont les travailleurs-ses dans les usines à ne pas porter de protection adaptée. Y compris des travailleurs-ses qui passent dix heures par jour à pulvériser de la peinture sur des jouets.
La CGT, Peuples Solidaires, le CLW et leurs partenaires européens lancent un Appel Urgent à Mattel pour que la firme mette immédiatement fin aux violations et abus dénoncés dans ce rapport, et qu’elle prenne des mesures pour faire respecter les droits humains au travail sur le long terme. Mattel est ainsi appelée à changer ses pratiques d’approvisionnement en augmentant le prix qu’elle verse à ses fournisseurs d’une part et en allongeant les délais de livraison qu’elle leur impose d’autre part. Elle doit également pousser à l’établissement de comités de travailleurs au sein des usines, de hotlines indépendantes pour les travailleur-ses et améliorer sa transparence sur sa chaîne de production.
Selon Li Qiang, Directeur du CLW, “ce rapport montre que le système Mattel connaît de graves problèmes qui traduisent le manque d’intérêt que la marque porte aux ouvrièr-es qui fabriquent ses jouets.”