Attendu sur des mesures concrètes en faveur du pouvoir d’achat, Nicolas Sarkozy a pris tout le monde à revers en attaquant bille en tête sur la question du temps de travail.
«Pour donner du pouvoir d’achat, il faut réhabiliter le travail», a-t-il martelé hier soir, sur TF1 et sur France 2. Et pour permettre à ceux qui veulent travailler plus de gagner plus, il propose que les entreprises puissent désormais «s’exonérer des 35 heures en contrepartie d’augmentations salariales».
Concrètement, chaque entreprise pourra augmenter sa propre durée de travail, «à condition qu’un accord majoritaire soit signé par les partenaires sociaux» de l’entreprise. «La question n’est pas de supprimer les 35 heures, ni de revenir sur un acquis social, mais de permettre de travailler plus pour arriver au plein-emploi», affirme-t-il.
Mi-septembre, le chef de l’État avait déjà évoqué l’idée de «donner une place plus importante à la négociation d’entreprise» pour déterminer la durée collective du travail. Il a franchi le cap hier et fait sauter le verrou des 35 heures.
Conscient que pour réussir il doit passer par la loi, et soucieux de donner des gages d’apaisement aux syndicats quelques jours après les grèves, Nicolas Sarkozy a annoncé qu’il réunirait à l’Élysée, mi-décembre, l’ensemble des partenaires sociaux – syndicats et patronat – pour tenir une conférence sociale devant définir «l’agenda social de 2008».
Au menu de cette conférence, outre les 35 heures, le président veut aborder le sujet des allégements de charges – 20 milliards d’euros environ – dont bénéficient les entreprises. «Pas de négociations de branches sur les salaires, pas d’allégements de charges !», a-t-il prévenu, fidèle à sa logique du donnant donnant.
Idem s’agissant des RTT qui pourront être «monétisées». En clair, si les patrons sont d’accord, les salariés pourront se faire racheter ces journées. «Cela représente 5 milliards d’euros de pouvoir d’achat en plus.»