Selon l'Elysée, ce report est justifié par des "contraintes d'agenda", invoquant la promesse d'assister mardi à Strasbourg, aux obsèques du policier mort accidentellement la semaine dernière lors d'une visite à Colmar.
Un tel report sur des sujets brûlants n’est pourtant pas dans la ligne habituelle de Nicolas Sarkozy.
"C'est une opération de déminage. Ou alors il y avait de gros risques de manifestations (à Nantes)", dit-on de source proche de la direction de l'UMP. "Mais connaissant Nicolas Sarkozy, rien n'est fait au hasard."
Les syndicats se perdent aussi en conjectures.
"Je n'ai eu aucune explication, aucun contact, ni pour nous annoncer le report, ni pour nous dire pourquoi", a déclaré à Reuters le secrétaire général de la FSU, Gérard Aschieri, ajoutant "Les contraintes que le président s'est données avec ses choix fiscaux rendent très difficiles pour lui de répondre aux demandes des fonctionnaires en matière salariale".
Les syndicats, estimant que le pouvoir d'achat des fonctionnaires a pris un retard de 6% depuis 2000, exigent l'ouverture de négociations salariales.
Simultanément, les perspectives de croissance économique s’assombrissent et réduisent encore la marge de manœuvre du président et de son gouvernement.
Parallèlement, ces même contraintes économiques et budgétaires risquent de rendre bien difficile l’application de la promesse connexe de Nicolas Sarkozy selon laquelle la moitié des économies réalisées par le dégraissage de la fonction publique serait redistribué sous forme de revalorisation des traitements aux fonctionnaires.
C’est cette promesse qui doit constituer l’excipient sucré permettant d’avaler la pilule de la suppression de 22.800 emplois dans la fonction publique en 2008, soit le non-remplacement d'un départ à la retraite sur trois, et qui devrait être porté à un sur deux les années suivantes.
Le 2 septembre, la ministre de l'Economie Christine Lagarde a maladroitement qualifié ces suppressions de "plan de rigueur".
Le secrétaire général de l'Elysée, Claude Guéant, et le Premier ministre, François Fillon, se sont ensuite appliqués à minimiser l’impact de cette expression. Mais c'est Nicolas Sarkozy en personne qui a réveillé le point sensible en évoquant les régimes spéciaux de retraite dimanche.
François Fillon a déclaré que la réforme des régimes spéciaux de retraite était prête et consistait à les aligner sur celui de la fonction publique.
Cette déclaration a suscité la colère des syndicats, qui soupçonnent une volonté de "passer en force", même si le Premier ministre a souligné que cette réforme serait menée "dans la transparence et la concertation".
La réforme des régimes spéciaux, qui ne concernent que 500.000 actifs et 1,1 million de retraités, semble plutôt populaire auprès du reste de la population et même les socialistes semblent en acceptent l'idée.
François Fillon semble donc avoir eu la langue trop longue, selon Nicolas Sarkozy lui-même qui a déclaré "Un peu de méthode ne nuit pas à la solution d'un problème"