« Berlin-capitale de la RDA » et leur inscription dans un paysage urbain reconstruit d’où émergent de
façon inattendue et souvent spontanée des traces du passé.
Confrontant des oeuvres qui soulèvent des interrogations, la scénographie dévoilera la transformation d’une ville palimpseste et avec elle, celle d’un pays, tout en évoquant les mutations d’une société, de modes de vie, ou encore un autre rapport au temps, un autre rapport au passé.
Les modalités d’effacement :
- la disparition et la destruction des traces de la RDA : rues débaptisées, emblèmes retirés, statues
déboulonnées, bâtiments publics détruits.
- la réécriture et le détournement de l’histoire : ainsi le mémorial de la Neue Wache, consacrée par la RDA
«aux victimes du fascisme et du militarisme », aujourd’hui dédiée « aux victimes de la guerre et de la
tyrannie » toutes confondues.
- la surexposition par le biais d’une muséification qui suscite le rire ou la frayeur. La RDA mise en musée
donne l’impression d’être devenue un objet idéologique dont l’image mémorielle est désormais contrôlée.
Les traces
Si la RDA fait l’objet de procédures d’effacement, des traces persistent néanmoins. Des formes culturelles, traditionnelles ou nouvelles, qui constituent un patrimoine culturel indestructible, demeurent, tel l’ensemble des productions cinématographiques de la DEFA, une littérature de réputation mondiale (les romans de Christa Wolf), ou le théâtre (Bertolt Brecht, Heiner Müller). Tout n’a pas pu être démoli et l’urbanité spécifique de Berlin-Est est encore visible, à l’instar des Ampelmännchen, ces petits bonshommes des feux de signalisation, personnages symboliques de la RDA qui on été conservés et qui sont en passe de se substituer à l’ours berlinois, comme emblème de Berlin. Chaque oeuvre présentée est un point de vue sur l’effacement de la RDA. Les photographies de Jean-Claude Mouton, prises pendant vingt ans, de l’ouverture du Mur à ce jour tout le long de son tracé, mesurent l’oeuvre de destruction et de transformation simultanée, tandis que celles de Bernard Plossu montrent, à l’opposé, le Berlin hypermoderne qui a rempli le vide (terrain vague) de la Potsdamer Platz, restituant son coeur à la ville.
Dominique Treilhou a, quant à elle, réalisé un documentaire donnant à voir et à entendre la destruction
méthodique, systématique et fort coûteuse (28 millions d’euros) du Palast der Republik. A travers l’un de ses procédés de prédilection, le « Psycho-Mapping », Jan Svenungsson exposera la lente dissolution du Mur de Berlin, son passage de la phase chaotique au néant.
Des artistes de la « résistance urbaine »
Gérard Zlotykamien et Jean Faucheur, viendront dessiner, peindre, taguer sur un mur les slogans évoquant les manifestations de l’automne 1989 et l’action de ces citoyens devenus acteurs qui demandaient des transformations de leur pays sans forcément en envisager la disparition.
Reprenant le principe de la banderole comme moyen d’expression, Wolf Leo, l’un des organisateurs de la
manifestation du 4 novembre, reconstituera des pancartes portant les slogans jadis scandés, en créera
d’autres avec des slogans de l’après-réunification. Une réalisation sonore de James Webb, composée à partir des bruits des manifestations et des informations diffusées par les radios et télévisions contribuera à
restituer l’atmosphère d’alors.
Par une accumulation foisonnante d'oeuvres et d'objets-souvenirs hétéroclites rassemblés dans un cabinet de curiosité, l'exposition évoquera enfin la peur de l’oubli qui s’exprime dans une sorte de fétichisme de tout objet rappelant la RDA, jusqu’aux morceaux d’un mur haï.
Comment montrer la RDA, quelles en sont les phénomènes de rémanence ?
Avec des dispositifs de différents jeux de lumières, la scénographie vise à représenter cette ambivalence entre oubli et mémoire, entre effacement et exposition, désir de détruire et de construire et où l’ostalgie d’un Etat que personne ne regrette naît peut-être de sa disparition programmée dans le nouveau paysage urbain. Mais c’est en définitive grâce à la démarche artistique originale de chaque créateur que cette exposition acquerra son identité propre et donnera sens à l’Histoire.
Musée d’Histoire Contemporaine – BDIC, Hôtel national des Invalides jusqu'au 31 décembre 2009
Informations pratiques
Tarif : 5 € (3 € tarif réduit),
Renseignements : 01 44 42 54 91 - mhc@bdic.fr
http://www.bdic.fr
Réservations : 01 44 42 38 39