Dès 25 milliardièmes de gramme/kg et par jour, une empreinte est décelable
Récemment, d’autres études ont suggéré que le bisphénol A, comme d’autres contaminants alimentaires et environnementaux regroupés sous le terme de « Perturbateurs Endocriniens » (molécules susceptibles de dérégler les mécanismes physiologiques contrôlés par les hormones), pourraient contribuer au développement de l’obésité, ou avoir une influence sur le développement du système nerveux.
Cette nouvelle étude, a été réalisée chez des souris en gestation exposées au bisphénol A à des doses allant de 25 ng/kg (soit 25 milliardièmes de gramme par kilo) à 25 µg/kg (25 millionième de gramme par kilo. Seuls les échantillons provenant des petits de ces souris ont été examinés. Les scientifiques de l’Inra ont utilisé une approche de dosage global d’un large ensemble de petites molécules (métabolites) présent au niveau des tissus examinés (sang, foie, cerveau), en faisant appel à la Résonance Magnétique Nucléaire. Ils ont démontré qu’il était possible de reconnaître l’empreinte métabolique induite par une exposition périnatale, y compris pour les plus faibles doses de bisphénol A utilisées.
Le bisphénol A pourrait moduler le développement du cerveau
Les métabolites « biomarqueurs », c'est-à-dire ceux qui diffèrent au niveau de tissus comme le foie ou le sang, entre les animaux exposés et ceux qui ne l’étaient pas, semblent confirmer la perturbation du métabolisme énergétique précédemment suggérée par d’autres équipes. De plus, les différences observées dans la composition des échantillons de cerveau, confortent l’hypothèse que le bisphénol A pourrait également moduler le développement de ce tissu.
Cette nouvelle étude illustre l’intérêt des approches dites « globales » de métabolomique, et fait la démonstration que même les très faibles doses sont susceptibles de moduler les équilibres métaboliques, lorsque l’exposition à des perturbateurs endocriniens comme le bisphénol A se produit au cours de périodes sensibles (durant la croissance intra-utérine ou peu après la naissance).
Cette étude ouvre également la voie à l’exploration de marqueurs biologiques (« biomarqueurs ») d’une exposition humaine à de faibles doses de toxiques de type perturbateurs endocriniens, dans la mesure où des différences significatives des profils métaboliques ont pu être démontrées à partir de simples échantillons de sang. L’objectif est d’aller vers la caractérisation de biomarqueurs précoces d’états pathologiques. C’est dans cette voie, ainsi que vers une meilleure compréhension des effets faibles doses des contaminants, que l’Inra concentre ses efforts.
Etude menée par les chercheurs de l’Inra de Toulouse (Unité Toxalim)
En collaboration avec l’Université de TUFTS (Boston, USA)
Résultats, publiés le 21 février 2013 dans la revue « Environmental Health Perspective »