En effet, alors que la France se singularise en Europe par le maintien d’un monopole sur l’automédication, l’UFC Que Choisir a enquêté auprès de 648 pharmacies1 pour vérifier si le consommateur bénéficie du meilleur rapport qualité-sécurité-prix.
Et le résultat est sans appel : les maux diagnostiqués lors de notre précédente enquête de 2009 s’agissant du conseil et des prix en officine semblent bel et bien chroniques !
Un conseil grippé
Alors que les pharmaciens se réfugient derrière leur qualité de professionnel de santé pour justifier leur monopole, près d’une pharmacie enquêtée sur deux (48%) n’a pas respecté spontanément son devoir de conseil, en délivrant, pour la même personne, deux médicaments incompatibles (Aspirine et Rhinureflex, qui contient de l’ibuprofène). En l’absence de conseil spontané, notre enquêteur devait interroger le pharmacien sur la posologie à respecter pour la prise des deux médicaments. Mais seuls 10% des pharmaciens ont saisi cette occasion de repêchage pour mettre en garde l’enquêteur. Plus grave, 55% seulement ont correctement indiqué la posologie du Rhinureflex, pourtant formellement rappelée quelques semaines auparavant par l’AFSSAPS, en raison de ses effets indésirables.
La concurrence anesthésiée par l’opacité des prix
Seule 1 pharmacie enquêtée sur 2 propose un affichage lisible du prix des médicaments vendus derrière le comptoir… Pire, 89% ne se plient toujours pas à l’obligation de 2003 d’information des consommateurs sur la liberté de tarification des médicaments non remboursables.
Une inquiétante fièvre tarifaire
Les prix relevés par nos enquêteurs font le grand écart. Ainsi, un médicament aussi courant que l’aspirine UPSA Vitamine C 330 mg a été acheté à des prix variant de 1,30 € à 4,95 €, soit un écart de près de 1 à 4. La mise en vente de certains médicaments, devant le comptoir, autorisée en 2008, n’a donc pas eu les vertus tarifaires annoncées. Dans ces conditions, se pose la question de la pertinence d’une libéralisation encadrée de la distribution des médicaments sans ordonnance en parapharmacies et dans des espaces dédiés en grandes surfaces. Cette mesure permettrait, pour le consommateur, une économie pouvant atteindre 16% des dépenses de médicaments non remboursables (soit 269 millions d’euros par an) et n’aurait qu’un impact mineur sur la profitabilité des pharmacies d’officine, de l’ordre de 3,7% à 5% de leur marge.
Au vu des résultats préoccupants de son enquête, l’UFC-Que Choisir souhaite donc un renforcement de l’information des consommateurs sur l’automédication et l’instauration d’une vraie concurrence.
C’est pourquoi l’UFC-Que Choisir demande aux pouvoirs publics :
- L’interdiction de la publicité sur l’automédication auprès du grand public en dehors des lieux de vente ;
- La présence d’un encadré consacré aux interactions à éviter et aux contre-indications principales figurant sur toutes les boîtes des médicaments accessibles sans ordonnance ;
- L’ouverture de la distribution de l’automédication aux grandes surfaces et parapharmacies, sous la surveillance impérative d’un pharmacien diplômé.