![Des policiers arrêtent un avocat qui manifestait lundi à Peshawar contre l'état d'urgence déclaré par le président Musharraf Des policiers arrêtent un avocat qui manifestait lundi à Peshawar contre l'état d'urgence déclaré par le président Musharraf](https://www.francematin.info/photo/art/default/767519-939068.jpg?v=1289444818)
"Nous attendons qu'il y ait des élections aussitôt que possible et que le président enlève son uniforme militaire," a déclaré Bush depuis le bureau ovale de la Maison Blanche, après une réunion avec le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan en visite aux USA.
"Nous espérons qu'il rétablira la démocratie aussitôt que possible" a dit le président américain.
Mais George Bush n'a pas précisé quelles seraient les conséquences et les implications en cas de refus de la part de Musharraf.
"C'est hypothétique, Je suis certain qu'il suivra mes conseils" a déclaré Bush.
Mais George Bush, qui voit dans le Pakistan un allié essentiel dans la lutte contre le terrorisme de Washington, a fait l'éloge de Musharraf pour avoir été un bon combattant des extrémistes et radicaux.
"Tout ce que nous pouvons faire c'est de continuer avec le président (Musharraf) … pour faire connaître clairement la position des Etats-Unis." a-t-il précisé.
Les commentaires de Bush surviennent alors que l'opposition au Pakistan fait état de 3500 arrestations sous le coup de l'état d'urgence décrété par Musharraf. Son gouvernement a nié les chiffres, mais a admis que près de 1800 personnes ont été interpellées.
Le gouvernement américain a pressé Musharraf de relâcher les personnes arrêtées et de revenir à un mode constitutionnel.
Dana Perino, porte-parole de la Maison Blanche, a déclaré lundi que le gouvernement US été gravement perturbé par la déclaration de l'état d'urgence de samedi, selon une dépêche de Reuters.
Nous pensons que la meilleure voie pour le Pakistan est de revenir rapidement à un fonctionnement constitutionnel et de tenir des élections." A déclaré la secrétaire d'état Condoleezza Rice, qui a également pressé Musharraf de tenir ses précédents engagements de quitter son uniforme.
Musharraf, qui a pris le pouvoir en 1999 à la faveur d'un coup d'état et également à la tête des armées du pays a suspendu la constitution samedi alors qu'une Cour Suprême était en train de statuer si son élection en octobre était légale ou pas.
Pendant le week-end, Musharraf a renvoyé le juge suprême du pays, déployé des troupes pour lutter contre ce qu'il nomme l'extrémisme islamique et imposé un certain nombre d'autres restrictions comme la réduction de liberté des médias.
En réponse à l'état d'urgence, Washington a déclaré devoir reconsidérer les millions de dollars d'aide au Pakistan, qui a reçu depuis 2001 environ 11 milliards de la part des USA quand il est devenu un proche allié dans la "guerre contre le terrorisme".
Les assistants de George Bush ont cependant déclaré qu'il reste probable que l'aide financière fournie par les USA pour la lutte antiterrorisme devrait très probablement se poursuivre.
Sous la pression grandissante de l'Occident, le gouvernement Pakistanais a annoncé lundi qu'une élection générale aurait lieu vers la mi-janvier comme prévu, alors que pendant le week-end, il avait annoncé un report d'un an pour cette élection.
"Il a été décidé que l'élection ne serait pas retardée," aurait déclaré le ministre de la justice Malik Abdul Qayyum.
Le 15 novembre, a-t-il ajouté, les assemblées nationales et régionales seront dissoutes et une élection suivra dans les 60 jours suivants.
Lundi, les agents de la force de police, utilisant des gaz et des matraques, ont dispersé des manifestants massés dans les tribunaux de plusieurs villes dont Karachi, Lahore et Rawalpindi, les premières marques de méfiance depuis que Musharraf a déclaré l'état d'urgence.
La plus grande démonstration a eu lieu à la Haute Cour de Lahore où environ 2000 avocats ont entamé une marche en dépit des avertissements de la police de ne pas violer l'interdiction de manifester.
Des centaines d'agents se sont rués afin d'essayer de disperser la foule avec des gaz lacrymogènes et des matraques, alors que les avocats lançaient des cailloux et se battaient contre la police armés de branches d'arbres en criant des slogans anti-Musharraf.
Les manifestants ont condamné l'action policière contre ce qu'ils appellent une protestation pacifique.
"Cette brutalité policière contre des avocats pacifiques montre comment le gouvernement d'un dictateur réduit au silence ceux qui sont contre la dictature" a déclaré l'un des principaux responsables de la manifestation, Sarfraz Cheema. "Nous n'acceptons pas la proclamation de l'état d'urgence."
Les observateurs se demandent pourquoi Musharraf arrête des manifestants au lieu de se concentrer sur la lutte contre l'extrémisme.
"Les seules personnes arrêtées jusque là … sont des défenseurs des droits de l'homme et des politiciens modérés." a déclaré Fredric Grare du groupe de réflexion de la fondation Carnegie pour la Paix Internationale, ajoutant que l'état d'urgence devait plus au fait que la Cour Suprème allait invalider l'élection de Musharraf qu'à la lutte contre le terrorisme.