L’Évaluation présentée aujourd’hui à Bogota par le Secrétaire général adjoint et Chef économiste de l’OCDE, M. Pier Carlo Padoan, le ministre colombien des Finances et du crédit public, M. Mauricio Cárdenas, et le Gouverneur de la Banque centrale, M. José Darío Uribe, passe en revue de façon détaillée les importantes réformes économiques réalisées ces dernières années et leur rôle dans le renforcement de la résilience du pays face à la crise économique mondiale. Elle met aussi en évidence les principaux défis auxquels est confrontée la Colombie dans sa quête d’une croissance économique plus forte et plus équilibrée – notamment la nécessité de s’ajuster au boum des produits de base, de stimuler la productivité et de réduire l’inégalité de revenu.
« Les exportations de produits de base sont florissantes, l’amélioration de la sécurité attire de nouveaux investissements et la confiance se renforce, mais du chemin reste encore à parcourir, » a indiqué M. Padoan. « L’enjeu est d’assurer que les retombées positives du boum minier d’aujourd’hui contribuent à un avenir meilleur pour la prochaine génération. »
L’OCDE identifie les domaines d’action prioritaires :
S’ajuster au boum des matières premières. La forte expansion du secteur minier a provoqué de larges fluctuations du taux de change réel, qui nuisent à la compétitivité des autres secteurs participant aux échanges, phénomène bien connu des exportateurs de ressources naturelles sous le nom de « mal néerlandais ». La Colombie a déjà mis en œuvre des réformes importantes, notamment un régime crédible de ciblage de l’inflation, une solide surveillance bancaire, l’assainissement des finances publiques et une nouvelle loi sur les redevances – mais des ajustements supplémentaires seraient bienvenus. La mise en œuvre efficace de la nouvelle loi sur les redevances peut se traduire par des projets plus viables. Les recettes minières peuvent être utilisées pour financer des améliorations du système d’enseignement et la mise en place d’une infrastructure de haute qualité, deux aspects qui rehausseront la compétitivité du pays. La promotion d’une plus grande ouverture aux échanges et le renforcement de la concurrence et de la flexibilité dans l’ensemble de l’économie, notamment par des réformes du marché du travail, sont d’autres mesures importantes.
Réduire l’inégalité de revenu. La Colombie est confrontée à une forte inégalité et une grande pauvreté, qui s’expliquent toutes deux par le chômage et l’activité informelle. Des réformes du marché du travail sont requises pour doper la création d’emplois et réduire la part des travailleurs informels. Il faudra pour cela améliorer les résultats d’éducation et réformer les réglementations restrictives du marché du travail. Le salaire minimum devrait être différencié par région, alors que le niveau élevé des cotisations sociales et des contributions parafiscales, qui jouent à l’encontre de la création d’emplois formels, devrait être réduit. Une plus grande progressivité du régime fiscal, notamment grâce à la suppression des exonérations qui bénéficient dans une large mesure aux contribuables les plus riches, serait aussi souhaitable. Le recouvrement de recettes supplémentaires permettrait aussi l’expansion des programmes sociaux.
Stimuler la productivité et mettre en œuvre d’autres réformes pour assurer une croissance durable. Les pouvoirs publics devraient mettre en œuvre des politiques destinées à encourager la productivité dans l’ensemble de l’économie, notamment par le biais du système d’éducation et de formation. Une action est aussi nécessaire pour améliorer l’infrastructure des transports, favoriser la progression de l’investissement privé, réduire les obstacles à l’entrepreneuriat, améliorer l’accès au financement et renforcer la primauté du droit, de façon à garantir une meilleure exécution des contrats et à réduire la corruption.