Ayant lieu en marge du 36ème Conseil des Gouverneurs du FIDA, ces deux jours de forum marquent le début d’un nouveau chapitre dans le travail de longue haleine réalisé par le FIDA avec les peuples autochtones, dont la plupart vit dans des zones rurales et souffre de manière disproportionnée de la pauvreté et de l’exclusion sociale.
“Il y a trois ans, le FIDA a adopté une politique d’engagement aux côtés des peuples autochtones. Ce forum est une opportunité pour nous d’évaluer l’efficacité de nos actions, et d'améliorer la façon dont nous mettons en œuvre notre politique ", a déclaré Kanayo F. Nwanze, Président du FIDA. “Bien que nous reconnaissions et respections les nombreuses cultures distinctes, les moyens de subsistance et les traditions, nous sommes également conscients qu'il y a souvent un dénominateur commun entre les peuples autochtones, surtout en ce qui concerne les sociétés, les territoires et les ressources naturelles."
Avant le forum, le FIDA et ses partenaires des communautés autochtones ont conduit une série de consultations, y compris des ateliers régionaux, qui ont identifié deux grandes priorités: accroître la participation totale et effective des peuples autochtones dans la conception et la mise en œuvre des projets financés par le FIDA et renforcer les organisations des peuples autochtones. L’une des nombreuses questions abordées lors du forum portait sur les droits des peuples autochtones de posséder et de gérer leurs territoires ancestraux. Les participants au forum vont maintenant synthétiser leurs discussions et conclusions dans un plan d'action et une déclaration qu'ils présenteront le 13 Février lors du Conseil des gouverneurs, l’organe suprême du FIDA.
Les peuples autochtones comptent plus de 370 millions de personnes dans le monde. Bien qu'ils représentent moins de 5 pour cent de la population mondiale, ils représentent 15 pour cent de la pauvreté dans le monde. Dans de nombreux pays, ils sont les plus pauvres d'entre les pauvres et leur situation ne s'améliore pas aussi vite qu'elle le devrait, d'autant plus que près de 80 pour cent de la biodiversité mondiale se trouve dans des zones principalement habitées par les peuples autochtones.
"De nombreux peuples autochtones, en particulier ceux qui se trouvent dans les zones les plus reculées, habitent aujourd’hui encore leurs territoires traditionnels", a déclaré Victoria Tauli-Corpuz, Directrice Générale de la Fondation Tebtebba. «Ce sont les derniers écosystèmes restants dans le monde, qui sont le mieux conservés et utilisés de manière durable, telles les forêts tropicales ou boréales, les tourbières, les zones marines et côtières. Le fait que les peuples autochtones continuent d'utiliser leur savoir traditionnel et leur coutume de gouvernance des territoires est l'un des facteurs qui a permis d’assurer cette conservation."
“Puisque ce sont des zones où la biodiversité, les minéraux, le pétrole et le gaz peuvent encore être trouvés, les peuples autochtones sont confrontés à des menaces quotidiennes de voir leurs communautés déplacées de leurs territoires ou de subir des programmes de développement inappropriés”, a ajouté Tauli-Corpuz.
La création du Forum permanent des Nations Unies sur les questions autochtones en 2000 a marqué un tournant, suivie par l'approbation en 2007 de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Cela a été un succès de la campagne des peuples autochtones pour mieux se faire entendre au sein des institutions internationales. Le FIDA a soutenu les représentants des peuples autochtones pour établir un ensemble d'indicateurs précis pour mesurer le bien-être des peuples autochtones sur la base de leurs propres principes et perspectives.
Le FIDA a pris une série d'initiatives et a accumulé une expérience précieuse dans l’établissement d’un dialogue constructif avec les peuples autochtones. Le FIDA finance environ 240 projets en cours, dont environ 30 pour cent soutiennent les communautés des peuples autochtones dans quelque 38 pays. Par exemple, le projet PROCORREDOR en Equateur conjugue la génération de revenus et la revitalisation culturelle. Les peuples autochtones, qui ont une tradition de l'artisanat, apprennent les nouvelles techniques de commercialisation et de présentation des produits afin qu'ils puissent tirer des bénéfices de l'industrie de l'écotourisme de l’Equateur en pleine croissance.
“Nous, les peuples autochtones, avons appris avec le FIDA que nous devons dialoguer, travailler ensemble et être les principaux promoteurs de la politique et des pratiques pour vaincre la pauvreté. Ce Forum est un lieu idéal pour le dialogue, un lieu où l'on peut analyser ce que nous avons appris et où l'on peut parvenir à un accord afin d’améliorer le travail du FIDA dans nos pays” a déclaré Myrna Cunningham Kein, Membre de l'Instance permanente des Nations Unies sur les questions autochtones.