Ce changement à haut niveau démontre une lutte entre les factions conservatrices iraniennes qui a assis le pouvoir du président Ahmadinejad et soulevé des questions sur les calculs du leader religieux suprême de l'Iran, l'Ayatollah Sayyed Ali Khamenei.
"Cela montre que M Ahmadinejad est solidement installé sur le siege conducteur, et les conséquences pour la politique étrangère iranienne devraient être terribles. Cela tombe droit dans les bras des américains partisans d'une ligne dure." déclare Ali Ansari, l'auteur de "Confronting Iran: The Failure of American Foreign Policy and the Next Conflict in the Middle East."
Les responsables iraniens insistent sur le fait que le départ de Ali Larijani, secrétaire conservateur du Conseil de Sécurité Nationale Supérieur et ancient protégé de l'Ayatollah Khameini, ne devrait rien changer à la politique nucléaire iranienne. Cependant, la nomination d'un obscur responsable ayant une faible expérience des négociations à son poste ne va certainement pas engendrer une percée.
Le choc de ce limogeage sur la scène politique iranienne met la pression sur M Khameini qui doit maintenant expliquer, justifier et calmer le jeu, au risque d'apparaître comme privé du contrôle de la situation ou de devoir montrer une faille dans l'entente au sommet de l'état.
Tandis que la pression des USA monte, la position de l'Iran demeure inflexible sur sa stratégie d'énergie nucléaire pacifique, à preuve, les paroles du porte-parole de son ministre des affaires étrangères qui déclarait dimanche "Il y a une totale solidarité dans les rangs iraniens" au sujet du nucléaire civil.
M Larijani, le précédent négociateur, faisait partie de la même ligne dure, mais était connu pour s'être senti frustré par les prises de position publiques de M Ahmadinejad qui restreignaient sa marge de manœuvre, la dernière en date ayant eu lieu lors de la visite de M Poutine à l'Ayatollah Khameini où M Ahmadinejad a réfuté des propos tenus par M Larijani.
Ah fil du temps, M Larijani a gagné quelques lauriers pour sa diplomatie. Il a été utile lors de la crise due à l'interpellation de 15 marins britanniques pris dans les eaux irakiennes et accusés d'espionnage. Il a également supervisé un accord avec la surveillance nucléaire de l'ONU en août visant à clarifier les problèmes en suspens avant la fin de l'année.
Les observateurs ont été étonnés de la vitesse à laquelle M Larijani est parti "pour raisons personnelles", et de la rapidité de son remplacement par Saeed Kalili, un attaché du ministre des affaires étrangères et allié de M Ahmadinejad.
Il y a d'ailleurs eu une série de plaintes, et un certain nombre de membres du parlement a demandé une enquête. Le législateur conservateur Ahmad Tavakoli a émis un commentaire critique sur cette nomination express : "L'expérience et les positions assumées par Larijani ne sont en rien comparables avec l'attaché du ministre des affaires étrangères, qui a très peu d'expérience."
Le quotidien anglophone Iran Daily a déclaré que le programme nucléaire iranien ne changerait pas, mais que "de toute évidence le nouveau groupe suivrait les traces de Ahmadinejad avec un zèle et un engagement accrus."
Quelques jours avant la démission de Larijani, son prédécesseur Hassan Rohani, qui siège toujours au conseil de sécurité de l'Iran, a émis un avertissement dans un quotidien iranien "Nous sommes plus que jamais soumis aux menaces. La diplomatie d'un pays est une réussite quand elle ne permet pas à ses ennemis de trouver plus d'alliés. Malheureusement le nombre de nos ennemis augmente."