Ce rapport, présenté aujourd’hui à Ottawa, souligne qu’un programme opportun de relance budgétaire, des taux d’intérêt bas, un secteur bancaire solide et les recettes générées par les ressources naturelles ont aidé le Canada à renouer avec une trajectoire de croissance stable après la crise économique mondiale de 2008-09. Compte tenu des nouveaux risques induits par la hausse des prix de l’immobilier et le fort taux d’endettement des ménages, l’OCDE prévoit que l’économie canadienne progressera d’environ 2,25% en 2012 et d’environ 2,5% en 2013.
Ce rapport voit dans l’atonie de la croissance de la productivité le principal défi à long terme pour l’économie canadienne. Le revenu par habitant a augmenté au cours des dernières années, avec l’entrée de davantage de personnes dans la population active et la flambée des prix du pétrole et d’autres matières premières, tirant la valeur du dollar canadien vers le haut. Cependant, la quantité de travail, de capital et de ressources naturelles nécessaires pour produire une unité de PIB est restée pratiquement identique au cours des dernières décennies.
De fait, la productivité globale du Canada a baissé depuis 2002, alors qu’elle s’est accrue d’environ 30 % au cours des 20 dernières années aux États-Unis. Dans le même temps, la répartition des revenus a connu un glissement en faveur des provinces de l’ouest du pays -riches en ressources naturelles- tandis que les économies régionales de l’Ontario et du Québec doivent toujours s’adapter à l’intensification de la concurrence extérieure générée par le niveau élevé du taux de change.
« Le Canada a la chance de posséder des ressources naturelles abondantes. Néanmoins, il doit s’efforcer de développer d’autres secteurs de son économie pour maintenir un niveau élevé d’emploi et assurer une répartition équitable des fruits de la croissance », a déclaré Peter Jarrett, l’un des auteurs de l’étude et Chef de la division Canada au sein du Département des affaires économiques de l’OCDE.
Selon l’OCDE, relever ce défi à long terme impose au Canada d’agir dans deux domaines en priorité :
En premier lieu, le Canada doit encourager l’innovation. Le pays possède des établissements de recherche de rang mondial et apporte un important soutien public à l’investissement des entreprises dans la recherche et le développement (R D). Toutefois, le secteur des entreprises ne consacre qu’environ 1 % du PIB à la R D, contre 2 % aux États-Unis et plus de 2,5 % en Corée, au Japon et dans certains pays nordiques. Le Canada est toujours à la traîne en ce qui concerne l’investissement des entreprises dans la R D, même en tenant compte de l’importance de la production de ressources naturelles.
L’OCDE préconise de mieux cibler l’aide à l’investissement des entreprises dans la R D. Le gouvernement devrait maintenir le système actuel de crédits d’impôt ; néanmoins, il faudrait restreindre les crédits particulièrement généreux en faveur des petites entreprises privées canadiennes et les remplacer en partie par des subventions directes plus ciblées. L’ouverture des industries de réseau et des professions libérales à plus de concurrence renforcerait également les incitations à innover, entraînant des gains de productivité.
En second lieu, le Canada devrait investir davantage dans l’amélioration de la qualité et de l’accès à l’enseignement supérieur afin de maintenir l’offre de travailleurs très qualifiés à mesure que la population vieillit. L’aide financière aux étudiants devrait être plus ciblée et accordée sous condition de ressources. Cela contribuerait à réduire les obstacles auxquels se heurtent les étudiants financièrement défavorisés et à promouvoir une croissance incluant toutes les composantes de la société.
Il faudrait également renforcer la flexibilité de l’enseignement supérieur et faciliter l’apprentissage tout au long de la vie. Le Canada devrait s’efforcer d’attirer une plus grande proportion d’étudiants étrangers dans l’enseignement supérieur et leur donner davantage de possibilités de travailler et de demeurer au Canada à la fin de leurs études. Enfin, le rapport préconise d’établir une distinction entre les établissements qui mènent des activités de recherche et ceux qui privilégient l’enseignement.