Réalisé à l'initiative du ministre de la Santé, Xavier Bertrand, ce rapport sera remis au gouvernement en février prochain. Il vise à encourager l'achat direct de médicaments en pharmacie par les usagers, sans passage par la case médecin. Et donc sans remboursement.
La France est très en retard dans ce domaine par rapport à ses voisins européens. Seuls 6 % des médicaments achetés dans l'une des 22 700 officines françaises sont délivrés sans ordonnance, contre 15 % en Espagne, 14 % en Allemagne et 12 % en Grande-Bretagne. Un Allemand dépense ainsi chaque année quelque 60 euros pour se soigner seul contre 28 euros pour un Français. Alors que la France se place aux premiers rangs des plus gros consommateurs de médicaments au monde.
La raison de cet écart : la politique de Sécurité sociale. « En France, l'immense majorité des produits de prescription médicale facultative (PMF) est remboursable (75 % en valeur) alors que de nombreux pays assimilent totalement ou largement PMF et médicaments non remboursables », indique le rapport.
Du coup, même pour un médicament qu'il pourrait acheter sans ordonnance, un patient ira plutôt chez son médecin se le faire prescrire afin d'être remboursé. Le marché de l'automédication ou médecine familiale qui pourrait être de près de 6 milliards d'euros, pour les médicaments en PMF, n'atteint en France que 1,6 milliard. Et il a tendance à stagner.
Alain Coulomb propose donc une mesure radicale. Cesser de rembourser les médicaments qui ne nécessitent pas un avis médical, pour des pathologies bénignes. Dérembourser progressivement mais sans le justifier par le « service médical rendu insuffisant ». Car cela tue la confiance du patient. Du coup, il exigera de son médecin qu'il lui en prescrive un autre « plus efficace » puisque toujours pris en charge par les services sociaux. Une démarche également encouragée par le fait que le prix d'un médicament déremboursé peut s'envoler de 400 % en pharmacie !
Les rapporteurs estiment en outre qu'il faut éduquer les consommateurs en diffusant plus largement des publicités sur ces produits d'automédication et en rendant plus lisibles les notices.
Dernière préconisation qui risque de faire couler beaucoup d'encre : l'expérimentation d'un accès direct sur les étagères aux médicaments, sans avoir à les demander au pharmacien. Une vraie révolution.