Lettre ouverte aux candidats à la présidence de la République française
A l’attention de Monsieur François Hollande.
Madame, Monsieur,
La France que vous aspirez à gouverner, compte 5 millions de personnes dépendantes à l’alcool.
Chaque jour qui passe voit le décès direct ou indirect de 120 personnes, lié à cette maladie, soit 40.000 par an.
Il existe, pour soigner ces malades, car il s’agit bien d’une maladie, un médicament « vieux » de 40 ans, dont on a découvert plus récemment les vertus anti-addictives. En raison de l’absence d’essais cliniques validés, ce médicament, le Baclofène, ne possède pas d’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour cette indication.
Les récentes affaires du Médiator et des prothèses mammaires PIP ont jeté le discrédit sur des produits qui ne sont pas passés sous les fourches caudines de l’AFSSAPS. Laquelle agence a été elle-même éclaboussée par de récents scandales liés aux conflits d’intérêt concernant nombre de ses experts. Ces conflits d’intérêt sont encore très présents pour empêcher la reconnaissance de l’efficacité de la molécule.
On veut nous opposer la dangerosité du produit et ses effets secondaires. En 40 ans pourtant, AUCUNE observation d’effet durablement délétère ni de décès liés à l’utilisation de ce produit n’a été relevée.
Depuis plus de trois ans, une poignée de médecins courageux et proches de leurs patients, l’ont prescrit à titre compassionnel, pour les sauver d’une maladie mortelle.
Les effets secondaires, TOUS réversibles et bénins, disparaissent, une fois la maladie jugulée et une simple dose d’entretien suffit à conserver l’effet bénéfique. On oppose à ce traitement des molécules qui ont fait la preuve de leur inefficacité et qui sont également totalement prescrites hors AMM. (Benzodiazépines interdites en prescription prolongée et à fort potentiel d’effets secondaires, antidépresseurs sous prétexte que le malade boit parce qu’il est dépressif, voire neuroleptiques car l’alcoolique est encore considéré de nos jours comme souffrant d’une pathologie psychiatrique lourde !).
Ces médecins pionniers disposent d’ores et déjà de 1000 dossiers de disparition de l’envie irrépressible de boire, le fameux « craving ». Ils ont été rejoints après trois ans de partage de leur expérience par 300 autres praticiens qui ont accepté de se faire connaître. Nous ne comptons pas les milliers d’autres, anonymes, mais proches de leurs malades, qui acceptent de les soigner.
Madame, Monsieur, ces habitants de la France vont mourir : d’ici votre élection au second tour, le 6 mai prochain, 9600 vont disparaître à l’heure où je vous interpelle.
Car je vous interpelle ! Allez-vous laisser mourir ces gens, allez-vous les priver du traitement salvateur, allez-vous vous priver du soutien de 5 millions d’électeurs potentiels qui vous reprocherons un jour de ne pas vous être prononcé ?
Des essais cliniques ont été votés en septembre 2008 : ils n’ont jamais vu le jour ! Les nouveaux essais validés par le Programme Hospitalier de Recherche Clinique prennent un retard de plus en plus suspect : à l’interpellation du gouvernement actuel, nous avons reçu une réponse ,huit mois plus tard nous reprochant d’aller trop vite en besogne ! Nous ne voudrions pas que l’affaire du baclofène, car il s’agit d’une affaire et d’un scandale, puisse un jour être attribuée aux gouvernants de notre pays.
Dans l'attente de vos réponses, je vous prie de croire à ma très haute considération.
Docteur Bernard Joussaume, président de AUBES
A propos du Baclofène®
En novembre 2000, Olivier Ameisen, brillant cardiologue et lui-même alcoolique, découvre par hasard que le Baclofène®, administré à une certaine dose entraîne une indifférence à l’alcool et autres substances addictives.
Le Baclofène® est un vieux médicament, myorelaxant peu couteux et habituellement prescrit en neurologie aux malades atteints notamment de sclérose en plaque et aux paraplégiques souffrant de spasmes musculaires.
Des études ont été réalisées sur des rats dont les résultats montraient un désintérêt pour le produit addictif après la prise de Baclofène®, ces effets étant liés aux doses.
Il agit directement sur le Gabz B, un neurotransmetteur dont le dysfonctionnement (dérèglement) semble conduire à la consommation compulsive d’un produit addictif).
De plus, il est non toxique et ne crée pas de dépendance, même à très hautes doses.
Olivier Ameisen recherche et synthétise toutes les études déjà réalisées autour de cette molécule.
N’étant jamais parvenu à se débarrasser de son addiction à l’alcool, malgré de nombreuses cures de désintoxication, il décide de se l’auto-administrer. En quelques semaines il explique qu’il est devenu indifférent à l’alcool. Il publie alors son expérience dans de grandes revues scientifiques (Alcohol and Alcoholisme, Jama, Lancet etc) afin que des essais cliniques soient réalisés.
Peine perdue, ce vieux médicament, tombé dans le domaine public, n’intéresse pas les laboratoires et rend même parfois suspicieux le monde de l’addictologie.
Devant cet immobilisme, Olivier Ameisen décide d’écrire un livre : «Le dernier verre», publié en 2008 (ed. Denoël) pour informer le grand public de l’efficacité de sa découverte.
Dès sa parution, le livre se vend à 40 000 exemplaires, suscite un espoir fabuleux pour un grand nombre de malades. Certains se regroupent immédiatement sur internet, créent leurs forums d’entraide. Ils diffusent ainsi l’information pour permettre à chacun d’obtenir une prescription.
De nombreux médecins commencent à traiter leurs patients dépendants avec des résultats probants, parfois spectaculaires, notamment dans le cadre de l’alcoolo-dépendance.