Cette chute des dépenses de santé par habitant et en pourcentage du PIB met fin à la hausse observée au cours des années ayant précédé la crise économique, lorsque les dépenses de santé par habitant augmentaient deux à trois fois plus vite que les revenus dans de nombreux pays. D’un taux de progression annuel moyen de 4,6 % entre 2000 et 2009, les dépenses de santé par habitant sont passées à -0,6 % en 2010. C’est la première chute que connaissent les dépenses de santé en Europe depuis l’année 1975.
En Irlande, elles ont reculé de 7,9 % en 2010, alors que leur taux de progression annuel moyen entre 2000 et 2009 était de 6,5 %. En Estonie, les dépenses de santé par habitant ont chuté de 7,3 % en 2010, après avoir enregistré des hausses de plus 7 % par an entre 2000 et 2009. En Grèce, on estime qu’elles ont décliné de 6,7 % en 2010, après avoir connu une progression annuelle de 5,7 % entre 2000 et 2009.
Le rapport met en garde quant aux conséquences possibles à long-terme pour la santé des populations de la réduction ou du ralentissement des dépenses dans la quasi-totalité des pays de l’UE.
Les dépenses de santé consacrées à la prévention des maladies ne représentent que 3 % du total
Les pouvoirs publics subissent des pressions pour maintenir le niveau de financement des soins aigus et choisissent donc de réduire d’autres dépenses, telles que les programmes de santé publique et de prévention. En 2010, seuls 3 % en moyenne des budgets de la santé dans les pays de l’UE ont été affectés à des programmes de prévention et de santé publique, dans des domaines tels que l’immunisation, le tabagisme, l’alcool, la nutrition et l’activité physique. Il est souligné dans le rapport qu’il peut être bien plus efficace de financer des programmes de prévention aujourd’hui que de traiter des maladies demain.
Plus de la moitié des adultes vivant dans l’Union européenne sont désormais en surpoids et 17 % sont obèses. Le taux d’obésité a doublé depuis 1990 dans de nombreux pays européens et oscille maintenant entre 8 % en Roumanie et en Suisse, et plus de 25 % en Hongrie et au Royaume-Uni. L’obésité et le tabagisme constituent les plus grands facteurs de risque de maladie cardiaque et d’accident vasculaire cérébral, lesquels sont à l’origine de plus d’un tiers (36 %) de tous les décès survenus dans l’Union européenne en 2010.
La Finlande, la France et la Hongrie viennent d’instaurer des taxes sur les aliments et boissons néfastes pour la santé dans la cadre de leurs stratégies de lutte contre l’obésité. Ces taxes sur le gras et le sucre ont pour objectif de faire évoluer les habitudes alimentaires tout en générant des recettes publiques qui peuvent être utilisées pour soutenir d’autres programmes de santé publique et de prévention.
Le Panorama de la santé : Europe 2012 de l’OCDE et de la Commission européenne présente des indicateurs clés sur l’état de santé, les déterminants de la santé, les ressources et activités liées aux services de santé, la qualité des soins, ainsi que les dépenses et le financement de la santé dans 35 pays européens, y compris les 27 États membres de l’UE, 5 pays candidats à l’adhésion et 3 pays membres de l’AELE.
Le rapport indique notamment que :
C’est aux Pays-Bas que les dépenses de santé en pourcentage du PIB étaient les plus élevées (12 %) en 2010, suivis par l’Allemagne et la France (11,6 %). La part du PIB allouée à la santé était en moyenne de 9,0 % dans les États membres de l’UE, contre 9,2 % en 2009.
Médecins : malgré des craintes de pénurie, le nombre de médecins par habitant a augmenté dans quasiment tous les États de l’UE au cours des dix dernières années, passant en moyenne de 2,9 médecins pour 1000 habitants en 2000 à 3,4 en 2010. Cette progression a été particulièrement rapide en Grèce et au Royaume-Uni.
Rapport généralistes/spécialistes : on compte désormais bien plus de spécialistes que de généralistes dans quasiment tous les pays, en raison du désintérêt pour la médecine « familiale » traditionnelle et d’un écart de rémunération croissant entre les uns et les autres. La progression lente, voire la diminution, du nombre de généralistes suscite des craintes quant à l’accès de certains groupes de population aux soins primaires.