Lors d'un discours devant l'assemblée du Congrès – un honneur rarement fait à un chef d'état en visite – M Sarkozy a dit son amour du rêve américain et de ses icônes culturelles, depuis Elvis Presley et John Wayne jusqu'à Ernest Hemingway et Marilyn Monroe.
Il a exprimé également son admiration pour Martin Luther King Junior, remercié les USA d'avoir sauvé la France lors de deux guerres mondiales, aidé à rebâtir l'Europe avec le plan Marshall et lutté contre le communisme pendant la guerre froide.
Lorsqu'il a défini la France comme "l'amie des Etats-Unis d'Amérique", l'assistance de législateurs, dont beaucoup quelques années auparavant tenaient la France pour quantité négligeable, a éclaté en applaudissements. Quand il a évoqué le problème iranien, déclarant qu'un Iran doté de l'arme nucléaire est "inacceptable", ils se sont levés pour applaudir. Mais M Sarkozy a habilement mêlé les compliments pour les USA aux affirmations d'indépendance européenne et française, laissant entendre une bonne entente des deux côtés de l'océan plutôt qu'une soumission de l'une des deux parties.
"Je veux être votre ami, votre allié, votre partenaire, mais je veux être un ami qui se tient debout." Ainsi peut se résumer le discours de M Sarkozy.
Il a pu réprimander l'administration Bush pour son attitude passée sur les accords de Kyoto et avertir des effets d'un dollar faible par rapport à l'euro, position avantageuse pour les exportateurs américains mais plus difficile pour les européens, et quand même recueillir des applaudissements.
Les admirateurs d'une nation qui a construit la plus grande économie du monde et qui n'a jamais arrêté d'essayer de persuader le monde des bénéfices issus d'une politique de libre échange sont supposés être les premiers à montrer l'exemple. Le Yaun est déjà le problème de tous. Le Dollar ne peut rester le problème des autres."
Ce réchauffement des relations franco-américaines est un total revirement. Après le refus de la France de se joindre aux efforts militaires américains en Irak, le ressentiment anti-français a atteint des sommets au Congrès au point que le mot "français" avait été retiré des menus présentés aux cafeterias du parlement, qui utilisa alors l'expression "freedom fries" au lieu de l'habituel "french fries" pour désigner les frites.
L'accueil contrastait avec celui réservé à Jacques Chirac en 1996, à l'occasion de sa première visite à Washington en tant que président de la France, où seulement 100 membres du Congrès avaient été présents.
M Sarkozy a également délivré un autre message aux législateurs américains : "Ayez confiance dans l'Europe"
Il a appelé les Etats-Unis à dépasser leur crainte d'une Union Européenne forte ayant sa propre identité militaire , montrant que c'était la seule voie offerte pour surmonter les crises grandissantes dans le monde.
"L'OTAN ne peut pas être partout, L'Union Européenne doit être capable d'agir."
Le concept d'une défense européenne forte est un fondement de la politique étrangère de M Sarkozy, et il en a fait une condition d'un éventuel retour de la France au sein du commandement militaire de l'OTAN. Mais cette politique va de pair avec une total absence de conflits entre les priorités et les principes des Etats-Unis, de l'Europe et de l'OTAN.
Lors d'un tour d'horizon des problèmes, il a appelé les deux parties du conflit israélo-palestinien a "prendre tous les risques pour la paix". Sans la nommer explicitement, il a averti la Syrie que "la France n'acceptera que personne ne soumette le peuple libanais", assurant enfin que l'Amérique peut compter sur la France dans sa lutte contre la terreur, ajoutant "l'échec n'est pas une option"
M Sarkozy est le huitième dignitaire français de l'histoire a s'adresser publiquement au Congrès – Lafayette fut le premier. En comparaison, les chefs d'état britanniques n'ont été invités que sept fois.