Les cours du brut sont à leur plus haut niveau depuis plus de neuf mois
L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) n'est "pas inquiète de l'introduction d'une nouvelle source d'énergie intéressante, surtout si elle peut aider à combattre le changement climatique", a affirmé son secrétaire général libyen Abdullah el-Badri, lors d'un entretien avec l'AFP mardi.
Toutefois, a-t-il souligné, "il y a des chiffres qui envisagent de fortes quantités de (production) de biocarburants à long terme, d'ici 2030", et la demande pétrolière à destination des 12 pays membres de l'Opep pourrait donc être "plus faible que nous le prévoyions".
"Nous investissons actuellement 130 milliards de dollars d'ici 2012 sur 140 projets pour augmenter notre production de 6 millions de barils par jour (mbj)" en plus de la production actuelle d'environ 30 mbj du cartel, qui prévoit "d'investir 230 à 500 mds de dollars de 2013 à 2020 pour augmenter (sa) production de 9 mbj", a-t-il argumenté.
"Si nous recevons des informations selon lesquelles la demande pétrolière va baisser, c'est notre droit de réallouer nos investissements.
Nous pouvons dépenser de l'argent dans l'éducation, le logement" notamment, a-t-il fait valoir.
"Supposez que dans 10 ans la production de biocarburants ne soit pas aussi élevée que prévue en raison de la concurrence avec la terre disponible, l'eau, la nourriture.
Alors il y aura une pénurie" de pétrole, a-t-il averti.
Le secrétaire général de l'Opep a reconnu aux pays industrialisés le droit de développer des biocarburants mais il s'est opposé à l'augmentation des taxes sur l'essence pour permettre de subventionner la production des énergies alternatives.
De manière générale, M. el-Badri a par ailleurs répété que le marché pétrolier était bien approvisionné, tout en affirmant que si cette situation changeait et que les prix augmentaient significativement et "pendant une durée raisonnable bien entendu l'Opep réagira" éventuellement au troisième ou quatrième trimestre.
Les prix du brut sont à leur plus haut depuis plus de neuf mois, à plus de 69 dollars le baril à New York et 72 dollars révolus à Londres, et ils se rapprochent de leurs sommets historiques atteints l'été dernier à près de 80 dollars.
L'AIE estime que l'Opep devrait mettre significativement plus de brut sur le marché cet été pour que les raffineries puissent produire suffisamment d'essence pour regonfler les stocks et écarter les risques de pénurie.