Les Bourses mondiales, secouées depuis quelques semaines par les conséquences et les craintes liées à la crise des prêts hypothécaires à risque aux Etats-Unis ("subprime"), continuaient à plonger jeudi.
M. Sarkozy se dit "convaincu que ces mouvements de marché ne sauraient affecter durablement la croissance de nos économies, qui est robuste".
Il propose que les ministres des Finances du G7, "en liaison" avec les Banques centrales, le Forum de stabilité financière et le FMI, travaillent sur ce sujet et remettent un "rapport d'analyse et de propositions lors de leur réunion d'octobre prochain à Washington".
Alors que les banques centrales sont intervenues massivement pour injecter des liquidités sur les marchés depuis la semaine dernière, le président français se "félicite que les régulateurs de place et les autorités monétaires puissent ainsi coordonner leurs efforts".
"Tout en restant extrêmement attentifs aux évolutions de la situation, il me paraît de notre responsabilité de chefs d'Etat et de gouvernement de tirer dès à présent les conséquences et les enseignements des événements qui affectent les marchés", dit-il.
Il juge "essentiel" que les dirigeants des principales économies mondiales "veillent à la transparence du fonctionnement des marchés et à la capacité pour ces derniers de financer de façon efficace et stable l'économie mondiale". Cette transparence "est le principal instrument de régulation sur lequel nous pouvons nous appuyer", insiste-t-il.
Nicolas Sarkozy souligne que les "opérations de titrisation (transformation des crédits en titres financiers, ndlr) qui se sont développées de façon très dynamique au cours des dernières années ont (...) transféré des risques bancaires sur de très nombreux acteurs économiques".
"Les porteurs finaux de ces risques sont très mal identifiés aujourd'hui et cette méconnaissance est, en elle-même, un facteur d'instabilité", ajoute-t-il en jugeant "utile d'assurer les moyens d'une meilleure connaissance par les acteurs de marché et par les superviseurs des risques auxquels ils sont réellement exposés".
A cet égard, il s'interroge sur "le rôle exact que doivent jouer les agences de notation", à qui il "revient d'apprécier la solidité des produits grâce auxquels les transferts de risque de crédit sont réalisés". "Leur rôle (...) doit faire l'objet d'un examen attentif", dit-il, estimant que cet examen doit aussi "porter sur le rôle et la responsabilité des banques dans le bon fonctionnement des marchés de crédit".
Le chef de l'Etat affirme également qu'il "faut se mettre en mesure d'éviter une contagion injustifiée de tensions locales à l'économie réelle".
Alors que des propositions de régulation, notamment des fonds spéculatifs, ont suscité l'hostilité de certains pays du G7, notamment les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, M. Sarkozy assure que ces "axes de progrès (...) ne doivent pas nous conduire à instaurer des mesures qui seraient de nature à rigidifier le financement de nos économies et à brider la croissance mondiale".
Le courrier de M. Sarkozy, daté du 15 août à Wolfeboro, son lieu de vacances aux Etats-Unis, a été adressé en copie aux autres chefs d'Etat et de gouvernement du G7 (Etats-Unis, Japon, Allemagne, Grande-Bretagne, France, Canada et Italie). (avec AFP)