Alors que le record était en vue depuis une semaine, le coup de grâce pour le billet vert est venu du chiffre de la croissance américaine au premier trimestre, publié vendredi à 12H30 GMT.
Le Produit intérieur brut (PIB) américain n'a progressé que de 1,3% en rythme annuel au premier trimestre, en net ralentissement par rapport au dernier trimestre 2006 (+2,5%).
Explications: la nette reprise économique en zone euro, où l'Allemagne, longtemps à la traîne, a repris son rôle de locomotive, et en parallèle l'essoufflement de l'économie américaine.
Le Fonds monétaire international a estimé à la mi-avril que la croissance de la zone euro devrait dépasser celle des Etats-Unis en 2007, pour la première fois depuis 2001.
Alors que "la croissance de l'économie américaine perd de la vitesse, la Fed pourrait bien avoir à agir, en dépit d'une inflation qui demeure au-dessus de la +zone de confort+", explique Gavin Friend, de la Commerzbank, faisant allusion à une éventuelle baisse des taux d'intérêt américains.
La montée de l'euro commence à nourrir des inquiétudes en Europe
Le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, a estimé mercredi que l'Allemagne s'accommodait bien pour l'heure de la vigueur de la monnaie unique.
La semaine dernière, le président du conseil italien, Romano Prodi, avait expliqué de la même manière qu'il espérait que l'euro ne s'apprécierait "pas trop", tout en soulignant "l'endurance" de la zone euro.
En France, de nombreux responsables politiques s'inquiètent depuis plusieurs mois de l'euro fort, néfaste à leurs yeux pour la croissance du pays, qui figure dans le peloton de queue de la zone euro.
Les exportateurs, surtout les PME, redoutent de perdre des parts de marchés car leurs produits sont automatiquement renchéris face à la concurrence de la zone dollar.
Pour Patrick Artus, économiste chez Natixis, un euro fort pourrait rien moins que "remodeler l'économie de la zone euro" à terme, avec en particulier une "augmentation des délocalisations vers les pays émergents à coûts salariaux faibles".