Un environnement mondial pas mal chahuté
Cet engouement laisse augurer, comme pour le pétrole, une pénurie à terme. Mais quel terme ? Le risque de voir des centrales nucléaires à l’abandon faute de carburant est-il réel ? Le prix de l’uranium flambe : il a triplé en un an et s’est vu multiplié par dix en quatre.
Entre janvier 2003 et avril 2007, le prix du kilogramme d'oxyde d'uranium (U3O8 yellow cake) est passé de 22 dollars à 249 dollars. Notons que l’importance de cette augmentation se répercute sur le coût de l’électricité nucléaire.
Les risques de pénurie
Certaines des mines parmi les plus prometteuses sont temporairement hors service ou l’accès à leurs ressources limité :
- Cigar Lake, Canada, bassin de l’Athabasca : ce gisement évalué à 135 000 tonnes d’uranium pur (de quoi alimenter toutes les centrales du monde pendant deux ans !) est un gisement situé sous un lac. Il a subi une inondation en octobre 2006. La hausse les prix de l’uranium naturel sur le marché mondial en a été boostée et le coût de l’accident a été estimé à un milliard de dollars. Il se passera des années avant que la production ne puisse démarrer.
- La mine de Ranger en Australie, représentant 10,2% de la production mondiale à elle seule, a également été inondée en mars 2007. La production sera réduite de moitié pendant deux ans.
- Niger, mines d’Arlit et d’Akotan : le monopole détenu depuis 40 ans par le groupe Areva a été dénoncé par le gouvernement nigérien en juillet dernier. Les relations entre Paris et Niamey s'étaient envenimées depuis juin.
Pourtant, tout accident nucléaire, comme celui de juin dernier au Japon, touche directement l’imaginaire public et ralentit temporairement la demande, causant une baisse momentanée. Mais ce ne sont que des "accidents" de parcours, et la tendance haussière semble irréversible.
Les différentes théories
Et la France ?
L’approvisionnement français est actuellement aux mains du groupe Areva. Celui-ci, bien qu’ayant récemment pris des participations importantes dans des gisements canadiens et au Kazakhstan, continue de dépendre fortement des gisements nigériens dont il vient de perdre le monopole. L’an dernier, Areva a produit 5272 tonnes.
Pourtant Areva tente de diversifier ses ressources et a récemment racheté une compagnie canadienne : « L'intégration d'UraMin dans le pôle minier d'Areva est une étape importante dans son plan ambitieux d'augmentation de sa production d'uranium », a alors expliqué Anne Lauvergeon, la présidente d'Areva.
Mais les mines du canadien sont situées sur le continent Africain, et la récente expérience vécue au Niger incite à la prudence quant à la stabilité des contrats.
Le même souci pousse la groupe à investir plus dans la prospection, allant jusqu’à tripler ses dépenses (90 MEuros). Toutefois la prudence reste de mise : la prospection reste aléatoire. En outre, la mise en exploitation d’un gisement requiert de nombreuses années en études et préparatifs, parfois plus de dix ans.
Maximum de production, quand ?
Applicable aussi bien au niveau d’un seul gisement ou de façon plus globale, cette notion montre que la production atteint un maximum, et diminue ensuite lorsque soit les difficultés techniques d’exploitation condamnent la rentabilité, soit l’énergie consommée pour l’extraction égale ou dépasse le rendement produit.
La consommation mondiale d'uranium est de 67.000 tonnes par an, alors que la production est de 42.000 tonnes. Les stocks civils et militaires "font l’appoint", mais que se passera t’il lorsque ceux-ci seront épuisés ?