Enfin, pour compléter ce tableau assez sombre pour l'exécutif, les Français ne croient pas que le développement des grandes surfaces, prévu par la loi LME, permettra une baisse des prix. Ce signal fort du retour de l'exécutif sur le pouvoir d'achat semble donc faire «Psschhit» pour le moment.
Petite note d'optimisme tout de même : en matière de «pétrole cher» les Français préfèrent des solutions écologiques et de long terme plutôt que des mesures immédiates plus difficiles à prendre pour le gouvernement, comme la taxation des bénéfices de Total ou même la baisse des taxes sur les carburants.
des Français se sentent « moins confiants » sur l'avenir de la situation économique du pays contre seulement 14% qui se déclarent « plus confiants », soit un indice (« plus confiants » - « moins confiants ») de confiance macroéconomique de – 63.
En plus d'être très mauvais, ce résultat consacre une nette détérioration par rapport au mois dernier (-11 points).
On observe le même phénomène sur nos indicateurs de pouvoir d'achat, tant d'un point de vue micro que macro :
«Depuis ces dernières semaines» 86% se déclarent plutôt «moins confiants» sur le pouvoir d'achat des Français (contre seulement 8% «plus confiants »), et 77% sur leur propre pouvoir d'achat (contre seulement 16% « plus confiants »).
En l'espace d'un mois, les indices se sont dégradés de 10 points au niveau macro et de 6 points au niveau micro.
Avec la baisse de 11 points sur l'avenir de la situation économique du pays, on mesure combien est profond le niveau de pessimisme général et combien semble inexorable la tendance baissière que nous enregistrons sur ces indicateurs depuis un an.
On a aussi la confirmation que l'embellie enregistrée le mois dernier dans la foulée de l'intervention télévisée du chef de l'Etat n'était bien qu'une phase de pause ou de rémission (le même phénomène a été observé sur la popularité de Nicolas Sarkozy et sur celle de la politique économique du gouvernement).
Pourtant, l'espoir de rebond durable du moral est permis ; la situation économique personnelle des interviewés n'étant pas si catastrophique que cela tant en niveau qu'en évolution :
« Seulement » 63% (contre 26%) se déclarent «moins confiants» sur l'avenir de leur situation économique personnelle, soit un indice de défiance en l'avenir de « seulement » -37, globalement stable dans le temps (-37 en avril) et même plutôt en hausse par rapport à mai (+3 points).
Au-delà d'un certain seuil, le phénomène de déprime économique observé semble donc largement plus « politique » (absence de confiance dans les réformes menées et dans leurs orientations) que lié à un contexte économique international, certes problématique.
En revanche, le différentiel observé selon les catégories semble bien, lui, largement structurel. Ainsi, en ce qui concerne la perception de son propre avenir économique les cadres sont bien moins défiants que les ouvriers (indices de -14 et - 36), les hommes le sont moins que les femmes (-31 contre -43), et les jeunes le sont moins que les seniors (-20 contre - 52). De façon encore plus spectaculaire, les Français les plus aisés sont dix fois moins défiants que les plus pauvres (indices de -6 et -59) !
Cette succession de mouvements est interprétée par plus des deux-tiers (67%) des Français comme le signe déclencheur de nombreuses grèves qui risquent de paralyser, le pays comme en 1995.
Bon ou mauvais signe, les Français étaient aussi nombreux à le penser – finalement à tort – en novembre (68% contre 27%) et septembre (69% contre 28%) derniers au moment du conflit sur la réforme des régimes spéciaux de retraite.
Souhaitons pour le gouvernement qu'ils se trompent à nouveau et tout aussi unanimement : l'anticipation d'un prochain nouveau « 1995 social » est majoritairement partagée à gauche (78% contre 18%) comme à droite (54% contre 41%) auprès des « CSP- » (74% contre 21%) comme des «
CSP+ » (60% contre 34%) et auprès des plus pauvres (75% contre 18%), comme, des plus riches (50% contre 46%). Notons tout de même que, soit par confusion du pronostic et du souhait, soit par la perspective d'une forme de revanche sociale, les premiers y croient tout de même bien davantage encore que les seconds.
Chacune des trois mesures testées pour limiter la hausse des prix de l'essence serait perçue comme efficace par une majorité de Français, mais, contre toute attente, c'est celle qui pourrait sembler la plus simple, voire la plus démagogique qui s'avère la moins suivie par l'Opinion : seulement
52% des Français seraient favorables à « l'instauration d'un prélèvement sur les bénéfices de Total ». Cette mesure séduit plutôt moins les ouvriers (48%) et les Français disposant des plus faibles revenus (51%) que les cadres (55%) et les personnes disposant de revenus moyens supérieurs (61%). Elle ne fait l'unanimité dans aucune catégorie de population, à l'exception des sympathisants de LO et de la LCR (71%).
Inversement, la baisse des taxes prélevées par l'Etat sur les carburants serait jugée nettement plus efficace (64% contre 30%). Mais le plus surprenant est que ce soit finalement une mesure de beaucoup plus long terme qui soit perçue comme étant la plus efficace : le développement des énergies renouvelables comme l'éolien ou le nucléaire (71% contre 23%). En plus d'être plus nettement soutenue, cette mesure fait l'unanimité quel que soit le niveau de revenu, la profession, l'âge ou la proximité politique des personnes interrogées.
Logiquement, les Français pensent très majoritairement que le développement des grandes surfaces aurait des conséquences négatives sur la présence de petits commerces en centre ville. Plus préoccupant pour la LME, qui prévoit ce développement des grandes surfaces : si les Français sont nettement d'accord sur l'argument défavorable à ce développement, ils sont loin de souscrire aux arguments en sa faveur.
Ils ne croient pas vraiment que ce développement aura des conséquences positives sur le chômage – 30% le pensent, 26% pensent le contraire et 34% pensent que cela sera sans conséquence – et surtout, ils ne croient pas du tout que cela en aura sur les prix – 27% le pensent, 34% pensent le contraire et 33% que cela sera sans conséquence – En fait, les réactions des Français à ce sujet sont éminemment contrastées, la, mesure suscite même un triple clivage générationnel, sociologique et partisan :
Les jeunes (36% des 25-34 ans pensent que les conséquences sur les prix seront positives alors que 31% pensent qu'elles seront négatives), les cadres (29% contre 17%) et les sympathisants de droite (36% contre 24%) sont nettement plus nombreux à penser que les conséquences seront bénéfiques plutôt que négatives sur les prix.
Inversement, les plus de 65 ans (27% pensent que les conséquences seront bénéfiques contre 35% qu'elles seront négatives), les catégories populaires (27% contre 36%) et les sympathisants de gauche (24% contre 38%) sont nettement plus nombreux à penser que les conséquences sur les prix seront plus négatives que positives.
Le peu d'enthousiasme suscité par cette mesure en ce qui concerne la baisse des prix, et en particulier auprès des catégories populaires, est particulièrement préoccupant pour le gouvernement car il s'agit là d'une mesure largement pensée pour montrer à l'opinion publique qu'il n'abandonnait pas son engagement d'améliorer le pouvoir d'achat des Français.