Pour Yannick JADOT, député européen, membre de la commission Industrie et énergie :
"Alors qu'il est nécessaire d'allonger la prévisibilité de la politique énergétique et climatique européenne en définissant de nouveaux objectifs contraignants pour 2030 et en renforçant la crédibilité des instruments économiques qui ont été mis en place dans le cadre du paquet "énergie-climat" de 2008, je constate que la défiance vis-à-vis des énergies renouvelables est alarmante. Face à l'urgence climatique, l'absence de vision n'est pas seulement irresponsable d'un point de vue politique, elle laisse les investisseurs dans l'incertitude et potentiellement dans l'inaction. Renoncer aux objectifs contraignants pour l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables serait la démonstration éclatante du refus de libérer notre économie de sa dépendance aux importations d'hydrocarbures, du déni face au changement climatique et de l'abandon d'une reconversion industrielle nécessaire. L'adéquation des trois piliers que sont les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, l'efficacité énergétique et les énergies renouvelables se fonde sur des synergies qu'il faut renforcer. Nous plaidons en faveur d'un objectif de 45% d'énergies renouvelables en 2030.
Les grands lobbies financiers et industriels qui veulent se débarrasser de la politique climatique européenne ont des prétextes de persécution trompeurs. Ils ne proposent rien et bénéficient déjà de tarifs d'électricité préférentiels, d'exonérations multiples et d'exemptions de leurs permis d'émissions. Présenter le coût des énergies renouvelables comme une entrave à la compétitivité est une manipulation. De la même manière, prétendre que l'exploitation des gaz des schistes est une opportunité pour la relance économique est une illusion. L'exploitation des gaz non-conventionnels aux Etats-Unis repose sur une bulle spéculative qui est en train de s'écrouler, le prix du gaz américain a d'ailleurs augmenté de 85% depuis avril 2012.
Alors que les grandes entreprises européennes, comme Bosch, s'éclipsent du secteur du photovoltaïque et que des milliers d'emplois sont menacés par l'absence de soutien et de cadre réglementaire stable, il est temps de mettre en place une véritable politique industrielle pour les énergies renouvelables. Ce Livre vert doit permettre le débat européen autour des enjeux de la transition énergétique. Les chefs d'États et de gouvernement qui se réuniront le 22 mai pour en discuter auront cette responsabilité. Il faut redonner une vision qui dépasse les politiques d'austérité. C'est dans l'économie décarbonée fondée sur une politique énergétique et industrielle compétitive que réside les gisements d'emplois d'avenir. Au contraire, les conséquences potentielles du déni et de la passivité seront plus coûteuses pour tous."