Pour Dominique Moïsi, de l'Institut français de relations internationales (IFRI), avec Kouchner au Quai d'Orsay et Nicolas Sarkozy à la présidence "le discours français se durcira à l'égard de Moscou et deviendra plus ouvert à l'égard de Washington".
Pierre Hassner, du Centre d'études et de recherches internationales (CERI), pense lui qu "il y aura un infléchissement, certainement un changement de ton" dans la diplomatie française.
Dès son élection, M. Sarkozy avait assuré qu'il ferait "de la défense des droits de l'Homme et de la lutte contre le changement climatique les priorités de l'action diplomatique de la France".
Toutefois, "la marge de manoeuvre est limitée et, étant réaliste, Nicolas Sarkozy en rabattra beaucoup", prévoit M. Hassner.
Le dossier de la guerre civile au Darfour (ouest du Soudan), qui a fait 200.000 morts et deux millions de déplacés depuis 2003 selon l'ONU, devrait être traité en urgence par M. Kouchner, fondateur de Médecins sans frontières (MSF).
"Il en fera l'une de ses priorités", dit un diplomate français.
Bernard Kouchner avait dénoncé en février "l'intransigeance du président soudanais (Omar el-Béchir) qui s'oppose à toute aide humanitaire efficace".
Il peut parler aux uns et autres et jouer un rôle dans ce sens-là", relève le même diplomate français.
En ce qui concerne la Russie, "il a eu des propos assez marqués sur la Tchétchénie" et "aura une volonté de tenir un langage plus clair sur la question des droits de l'Homme", ajoute-t-il.
"En même temps, les Russes sont des partenaires dont on a besoin dans toute une série de sujets", souligne ce diplomate.
La Russie juge "inacceptable" le nouveau projet de résolution déposé au Conseil de sécurité, qui approuve le plan de l'ONU visant à l'octroi d'une indépendance surveillée à la province serbe du Kosovo.
M. Kouchner aura l'occasion de rencontrer son homologue russe Sergueï Lavrov fin mai, dans la cadre de la conférence des ministres des Affaires étrangères du G8.
"Il y a une présidentialisation du régime avec un poids lourd de la diplomatie à l'Elysée", dit Dominique Moïsi, se demandant "quel va être l'équilibre" entre M. Kouchner et Jean-David Levitte, l'ancien ambassadeur de France à Washington nommé conseiller diplomatique et "sherpa" de Nicolas Sarkozy.