Officiellement, celui qui avait coordonné la publication d'un réquisitoire très médiatisé contre le bilan à l'Intérieur de Nicolas Sarkozy, qualifié de « néoconservateur au passeport français », invoque des « raisons personnelles » et refuse de s'expliquer davantage. « Ma décision est définitive et je ne m'exprimerai auprès de personne », a-t-il déclaré à l'AFP.
L'élu a seulement fait part de son désir de « se mettre en retrait de la campagne électorale et se consacrer à sa circonscription et sa mairie » de Donzère, tout en assurant ne vouloir « gêner ni le premier secrétaire ni la candidate ». Éric Besson était chargé de l'évaluation financière du projet de la candidate.
En annonçant sa décision, il a pris soin de démentir l'idée d'un « désaccord sur le montant du chiffrage ». « Nous allons reprendre contact. Éric Besson est quelqu'un de précieux », a déclaré hier soir le directeur de cabinet de François Hollande, Stéphane Le Foll.
Quoi qu'il en dise, le député de la Drôme a mal vécu la gestion de la polémique sur le «coût» du pacte présidentiel de Royal. Difficile de s'y retrouver en effet. Lundi matin, la stratégie arrêtée au PS est de refuser d'entrer dans la bataille des chiffres et d'attendre quelques jours pour détailler le projet. Mais, face à la pression politique et médiatique, il est contraint de monter au front. Le pacte présidentiel représenterait 35 milliards d'euros, explique-t-il.
Le lendemain, il a le sentiment d'être désavoué : Ségolène Royal réitère son refus de la polémique. Dans la foulée, François Hollande évalue à son tour à 35 milliards d'euros le pacte de la candidate, sans faire taire les reproches. Besson a le sentiment de devenir le « bouc émissaire », expliquait-on hier au PS.
Hier matin, lors de la réunion du secrétariat national, qui constitue l'organe dirigeant du parti, le ton monte d'un cran. Éric Besson, au caractère entier, dit-on de lui, fait part de son mécontentement dans des termes vifs, conscient que la scène sera rapportée.
Le député entend protester contre un mode de fonctionnement. « Il faut faire attention à ce que l'on dit ici », lui a répondu François Hollande, tout aussi énervé. Éric Besson, qui fait partie de la jeune garde du PS issue de la génération Jospin-Hollande, sort alors de la réunion. « Sans claquer la porte », mais sans se calmer pour autant, comme la suite le montrera.
Secrétaire national à l'économie et à la fiscalité, Éric Besson s'est trouvé plusieurs fois entre les feux croisés des « poids lourds » du PS. Déjà lors du chiffrage du projet du parti au printemps dernier, il est tiraillé entre Hollande et Strauss-Kahn. Les deux hommes avancent des estimations différentes. Besson doit faire le lien.
Lors de la préparation du pacte présidentiel de Royal, il doit ensuite prendre en compte le rapport Strauss-Kahn sur la fiscalité auquel il n'est pas associé. Il doit aussi composer avec la garde rapprochée de Ségolène Royal, notamment l'économiste Pierre-Alain Muet, ancien conseiller de Lionel Jospin devenu conseiller économique de la candidate du PS.
Éric Besson, qui pense à son avenir comme tout responsable politique, n'a pas l'intention de jouer perpétuellement les utilités.