En 2008, la folie financière pour satisfaire des intérêts partisans ou encore de lobbies, a préféré sacrifier une banque – Lehman Brothers – qui eût pu échapper facilement à la faillite, pour faire peser le coût de la réaction en chaîne planétaire qui s’ensuivit, sur les finances publiques des pays développés, créant ainsi, de façon absurde, la crise financière la plus grave depuis 1929 ! Il n’est guère étonnant que depuis, la croissance soit molle, les perspectives assombries et l’économie réelle soient profondément affectées par des gesticulations de mamamouchis sans culture ni compétence en macroéconomie.
L’entrée de la Grèce dans la zone Euro s’est faite alors que les hellènes ne remplissaient pas toutes les conditions pour une intégration réussie assortie d’engagements de stabilité et de solvabilité. Quelle mouche a donc piqué nos dirigeants et tous les eurocrates que de faire entrer dans le bal nos amis grecs qui géraient tant bien que mal leurs écarts de conduite en usant de la planche à drachmes ? La mouche en question n’est autre que la fatuité des uns, si fiers de cet élargissement, et la malhonnêteté des autres, produisant de fausses situations financières, pour bénéficier de cette solidarité sans laquelle la révolution eût pu gagner les portes d’Athènes.
Aujourd’hui, face à une dette estimée à 200 milliards d’euros, dette qu’ils ne pourront jamais rembourser, les grecs se sont engagés à respecter une politique de rigueur en contrepartie du soutien du couple franco-allemand, couple sans lequel l’Europe et l’Euro eurent volé en éclat. Nicolas Sarkozy, comme Angela Merkel, sont tous deux conscients que le « cadeau » fait à cette occasion est une fuite en avant qui ne fait que corroborer, avec davantage d’ampleur et de symboles, toutes celles qui l’ont précédée.
Réunis en « petit comité », lors du G20 de début novembre, les Etats ne pouvaient qu’entériner un anachronisme de plus bien peu orthodoxe et ainsi tenter de garder un cap qui pourrait ne tenir qu’à un fil, celui de a décision des chinois, largement excédentaires, susceptibles de soutenir davantage la monnaie unique qu’ils ne l’ont fait pour le billet vert. Pari risqué … Avec, à la clé, une nécessaire recapitalisation des banques européennes qui ont du s’asseoir sur une partie importante de leurs créances, des banques qui, chaque jour, avec nos dépôts et nos liquidité de citoyens écœurés, jouent au tapis vert et au casino des marchés financiers à haut risque en voulant « se refaire » grâce à l’effet de levier puissant des produits dérivés, warrants et autres options.
A quand des cloisons étanches entre les banques dites « de détail » qui gèrent au mieux nos comptes courants et comptes chèque et ces établissements financiers mus par leur seul appât du gain, dussent-ils prendre des risques inouïs ? Chacun sait que c’est un vœu pieu. Car les uns ne peuvent vivre sans les autres. Sauf à considérablement réformer les règles de courtage et de prises de positions sur des marchés toujours plus volatils…
Enfin, la réforme territoriale, qui nourrira les débats du 94ème Congrès des Maires, est certes en panne. Car nos élus ne comprennent pas plus que nos concitoyens l’intérêt d’une réforme qui n’est ni claire ni nette. Loin pourtant d’être une « réformette », le mandat de conseiller territorial est à l’évidence une « verrue » dans le paysage institutionnel de notre République que toujours plus nombreux sont celles et ceux qui pensent qu’elle a fait long feu.
Plus rien ne sera comme avant. Les frontières et les lignes ont été déplacées. C’est vraiment à n’y rien comprendre. Tout comme cette mise en scène des primaires socialistes désignant une personne physique, pour appliquer, si elle est élue, non pas son programme, mais celui d’une personne morale, rigide et droite dans ses bottes, arcboutée comme nulle autre, sur ses contradictions.
Le monde tourne à l’envers. Tout devient difficile à comprendre. Et parce que tout devient difficile à comprendre, la situation est plus que jamais difficile à vivre. C’est là la grande leçon de ces malheureux épisodes qui risquent – quoiqu’on nous dise – de se terminer dans la rue…
Bernard Marx