Une blague ? L'Express l'annonçait dans son numéro du 17 septembre, l'actualité le confirme: si le scénario se déroule comme prévu, Jean Sarkozy, deuxième fils du président de la République, prendra, au début de décembre, la tête de l'Epad. L'Epad, c'est l'Etablissement public pour l'aménagement de la région de la Défense, chargé du ¬développement du plus grand quartier d'affaires d'Europe.
Devedjian, victime de la limite d'âge
Au commencement de cette petite plaisanterie (qui n'en est pas une, finalement) était Patrick Devedjian. L'actuel président du conseil d'administration de l'Epad, atteint par la limite d'âge, est contraint d'abandonner la première place. Selon Le Figarodu 13 octobre, Matignon était prêt à prendre un décret pour repousser le couperet des 65 ans, projet sitôt refusé par l'Elysée.
Las ! Chez les Sarkozy père et fils, un heureux événement n'arrive jamais seul. Non seulement l'âge du capitaine les en débarrasse, mais encore savent-ils pouvoir compter sur la bienveillance de leurs amis : l'un des deux administrateurs de l'Epad issus du Conseil général des Hauts-de-Seine a indiqué, le 8 octobre, qu'il démissionnerait de son poste, le laissant ¬vacant pour "Jean". Une fois dans l'Epad, en briguer la présidence relève de l'évidence.
La force du buzz médiatique
Laurent Fabius, sur France Inter, a, lui, manié l'ironie: "On a besoin de quelqu'un qui soit un très bon juriste, or il est en deuxième année de droit, c'est déjà un élément très fort ; on a besoin de quelqu'un qui connaisse bien les affaires, et, là, je pense qu'il peut y avoir quelques prédispositions."
"Quoi que je dise, quoi que je fasse, je serai critiqué", a simplement répondu Jean Sarkozy, le 12 octobre, rappelant qu'il avait passé l'épreuve du suffrage universel à Neuilly.
"Les héritiers sont faits pour être décapités", a dit, un jour, Nicolas Sarkozy à propos d'Alain Juppé. Il a juste oublié de préciser qu'il parlait seulement des héritiers des autres: le sien, il lui offre sur un plateau la tête de ses rivaux. Ce qui n'est pas forcément le meilleur chemin vers un destin politique serein.