Ici, comme dans d’autres grandes métropoles de France, des familles se déplacent de terrains en terrains, de bidonvilles en campements de fortune, au gré des intimidations ou des expulsions légales auxquelles elles sont soumises, au prétexte parfois de l’insécurité dans laquelle les mettent ces conditions de vie. La Fondation Abbé Pierre est très vivement alarmée...
Est-il normal de laisser des personnes vivre ainsi ? Est-il acceptable de laisser d’autres personnes leur faire la chasse ? Serait-ce parce que ces familles sont roms que la France autorise de telles situations ? La Fondation abbé Pierre ne saurait envisager une réponse positive à cette question.
D’ailleurs, le 26 août, le Premier ministre adressait aux préfets une circulaire laissant espérer que l’État avait pris conscience des actions nécessaires à mettre un terme au développement des bidonvilles et des squats.
Parmi les consignes données aux préfets étaient évoqués la nécessaire mobilisation des services de l’État et des acteurs locaux, l’information des riverains et du public, l’accompagnement social, la scolarisation, l’accueil et l’hébergement ainsi que l’appel à utiliser les mesures et dispositifs que l’on dit de « droit commun » parce que s’adressant à tous sans distinction. La possibilité d’expulser de façon immédiate « lorsque la sécurité des personnes est mise en cause » était également évoquée.
Qu’il s’agisse de la sécurité des personnes vivant dans des conditions indignes ou qu’il s’agisse de la tranquillité des quartiers, la première des sécurités est de proposer aux familles à la rue un hébergement correct et la possibilité de vivre et travailler dignement. La meilleure prévention des débordements inacceptables dont Marseille est le théâtre est la mise en application sans aucun délai des mesures que laissait espérer la circulaire du 26 août. Les quelques expériences en ce sens — dont plusieurs ont été soutenues par la Fondation Abbé Pierre — ont des résultats positifs. Il n’est que temps de les généraliser.
Ne faisons plus la chasse aux pauvres, mais à la pauvreté...