Baromètre économique BVA - BFM - Les Echos - The Phone House
Toutefois, le jugement global des Français reste favorable à l'exécutif et la journée de grève du 18 octobre prochain est la moins soutenue que nous n'ayons jamais testée.
Cette fin d'état de grâce ne rime donc pas avec impopularité, mais signifie peut-être que l'action présidentielle est désormais jugée selon des critères de raison plutôt que de foi.
Par ailleurs, les initiatives du moment qui ont vocation à impacter le pouvoir d'achat des ménages peuvent très bien être des sources de rebond de popularité :
Le projet de limitation des durées d'abonnement des opérateurs de téléphonie est ainsi plébiscité tandis que le dispositif sur les heures supplémentaires laisse entrevoir un important potentiel, notamment auprès des catégories populaires, même s'il ne concerne pour le moment que très peu de salariés.
Baisse de la popularité de la politique économique
Même si la politique économique menée par le gouvernement se situait depuis mai aux plus hauts niveaux (62% puis 57%) que nous ayons enregistrés sur cet indicateur depuis 1998, la chute spectaculaire de 7 points enregistrée ce mois-ci semble être bien plus qu'une simple « correction » :
- d'une part, l'indice global de satisfaction (jugements favorables – jugements défavorables) sur la politique économique, a chuté de 13 points en un mois et de 25 points depuis
- d'autre part, à l'exclusion des plus jeunes, la baisse touche toutes les catégories de population (respectivement -10 et -12 points auprès des ouvriers et des cadres) mais avec plus de force encore, celles qui étaient les plus « Sarkophiles » : en baisse de 25 points depuis mai auprès des plus de 50 ans, les jugements favorables à la politique économique du gouvernement sont désormais minoritaires (43%).
Réciproquement, si la popularité de cette politique reste remarquablement corrélée au niveau de revenus des Français (44% de bonnes opinions auprès des plus pauvres contre 53% auprès des plus riches), les baisses enregistrées depuis mai sont encore plus fortes auprès des plus aisés qu'auprès des plus pauvres (-18 points contre -14 points).
le tempo des réformes sociales suscite désormais des jugements ambivalents
Lancer en même temps la réforme des régimes spéciaux de retraite,
Pour autant, ils ne sont pas convaincus de l'efficacité d'une telle démarche, seulement 49% contre 48% estimant « que cela permettra de régler en une seule fois des problèmes qui auraient mis des mois à être traités », et surtout jugent cela à la fois dangereux (66%) « car cela multiplie les risques de conflits sociaux » et dommage (63%) « car cela empêche d'avoir un vrai débat contradictoire sur chacun de ces sujets ».
Enfin, ils partagent majoritairement (59%) l'analyse de Bernard Thibaut selon laquelle il s'agirait d'un moyen tactique pour le gouvernement « d'asphyxier les syndicats car il leur sera difficile de mener en même temps des négociations sur autant de sujets ».
Notons que, même s'ils sont logiquement plus nombreux à approuver le bien fondé de cette vague de réformes (82%), tout comme son efficacité finale (63%), les sympathisants de droite sont eux aussi une majorité à partager l'ensemble des jugements critiques sur celle-ci (60% la juge « dangereuse » et 53% « dommage »).
le mouvement social du 18 octobre est le moins soutenu que nous ayons eu à tester
Depuis octobre 2005, nous avons testé la légitimité perçue d'une demi-douzaine de mouvements sociaux (défense de l'emploi, CPE plusieurs fois, grève des cheminots).
Au-delà de ces deux dernières années, jamais dans nos mesures nous n'avions enregistré une majorité d'opinions négatives ou défavorables à l'égard d'un mouvement social.
Or, ce mouvement du 18 octobre est pour la première fois jugé « injustifié » par une majorité de Français (53% contre 43%). ports des cheminots de la SNCF).
Notons que, comme souvent, de nombreuses catégories de la population favorables à la réforme soutiennent malgré tout les grèves contre celles-ci :
C'est le cas des sympathisants de gauche (61% jugent le mouvement « justifié » alors que 54% étaient « favorables » à la réforme), des salariés du public (51% vs 62%), des ouvriers (50% vs 69%) et des Français disposant des plus bas revenus (55% vs 68%).
Ce phénomène schizophrénique de grève par substitution, fortement ancré auprès des catégories les plus populaires, pourrait s'avérer à terme inquiétant pour le gouvernement, surtout si les hypothèses de rigueur post-municipales venaient à prendre corps.
En 1995 déjà, 50% des Français soutenaient le plan Juppé de réforme des retraites, tandis que 60% soutenaient les manifestations contre celui-ci.
le dispositif sur les heures supplémentaires ne concerne que peu de salariés mais dispose d’un réel potentiel
Seulement 16% des salariés en emploi (soit, 8% des Français) pensent qu'ils sont ou seront bientôt concernés par cette mesure. Ce niveau est décevant, mais il pourrait s'ajouter prochainement à ceux-ci, 13% de salariés pour l'instant non concernés et qui savent que cette mesure est à l'étude dans leur entreprise.
En outre, 17% des salariés ne pensent pas que cette mesure soit à l'étude dans leur entreprise mais jugent que leur métier leur permettrait tout à fait d'en bénéficier si elle était mise en place.
Il existe donc une large amplitude à moyen terme de salariés qui pourraient être concernés entre les 16% actuels et les 46% en potentiel (16% en cours + 13% +17%).
Il faudra encore attendre quelques mois afin d'avoir le recul suffisant pour évaluer l'impact réel de cette mesure et savoir si le curseur se situe autour des 16% ou au-delà des 33%.
Dans le premiers cas, il s'agira d'un échec, dans le second, d'une réussite.
Quoi qu'il en soit, cette mesure, pourrait bien réconcilier les catégories populaires – et notamment les ouvriers – avec la politique économique du gouvernement :
32% des ouvriers déclarent qu'ils sont déjà ou seront bientôt concernés dans leur entreprise et 16% de plus qu'ils pourraient l'être potentiellement à l'avenir (la mesure serait à l'étude dans leur entreprise). En outre 18% déclarent qu'elle n'est pas à l'étude mais qu'elle pourrait très bien s'appliquer à eux si elle était mise en œuvre.
Qu'un tiers à la moitié des ouvriers puissent effectivement à terme être concernés par une mesure impactant leur pouvoir d'achat constituerait à l'évidence un fort relais de popularité pour le gouvernement auprès d'une des catégories qu'il a le plus déçu depuis mai 2007.
le projet de limitation de la durée des abonnements proposés par les opérateurs de téléphonie mobile est plébiscité par les français
L'autre mesure à portée sociale voulue par la majorité et visant elle aussi à améliorer le pouvoir d'achat des Français concerne la limitation à 12 mois au lieu de 24 mois de la durée des abonnements auprès des opérateurs de téléphonie mobile.
L'efficacité de cette mesure pour les consommateurs est plébiscitée par près des deux tiers des Français (65% contre 26%), et par toutes les tranches d'âges et toutes les catégories sociales.
Logiquement, l'intensité de l'adhésion est corrélée au taux d'équipement en téléphones portables des différentes catégories sociodémographiques :
Le soutien est pour cette raison corrélé au milieu social (66% auprès des ouvriers, 74% auprès des cadres, 82% auprès des commerçants et chefs d'entreprises) et à l'âge des personnes interrogées (73% auprès des 25-34 ans contre 48% auprès des plus de 65 ans).
Cette mesure est aussi l'une des rares que nous ayons eu à tester qui recueille une proportion parfaitement équivalente de soutiens (66%) auprès des sympathisants de droite qu'auprès de ceux de gauche.