La tenue, dans la même semaine, des deux sessions plénières d’octobre et l’offensive radicale, ces derniers jours, des « anti-Strasbourg », suscite de la part du maire Roland Ries, dont la ville abrite le siège du Parlement européen, la réaction suivante :
« Suite au vote de l’amendement « Fox » en 2011, cette semaine voit se tenir à Strasbourg deux sessions plénières de deux jours du Parlement européen, en lieu et place des deux sessions de quatre jours initialement prévues au cours de ce mois.
Depuis plusieurs années, certains lobbys, emmenés par les plus eurosceptiques des députés européens, s’évertuent à essayer de vider de leur contenu les sessions plénières du Parlement européen à Strasbourg. L’amendement Fox entre dans cette logique. Il s’est inscrit dans le cadre des multiples attaques visant à remettre en cause le siège du Parlement européen à Strasbourg. La campagne « single seat » menée cette semaine par le groupe ALDE avec l’organisation d’un séminaire « anti-Strasbourg » en est une autre illustration.
La souveraineté du Parlement européen dans l’organisation de ses sessions ne peut évidemment pas être contestée. En revanche, je regrette l’état d’esprit qui prévaut à ces réorganisations et le non-respect latent des Traités qui sont sans équivoque : « Le Parlement européen a son siège à Strasbourg ». A cet égard, les conclusions de l’avocat général dans l’affaire opposant la France au Parlement européen rendues le mois dernier sont parfaitement claires.
Cibler en permanence le siège de Strasbourg, c’est remettre en cause l’équilibre institutionnel de l’Union européenne. Une Europe centralisée serait contraire au principe même d’une « Europe unie dans sa diversité », qui est la devise de l’Union européenne. L’Europe est polycentrique car l’Union a fait le choix de déconcentrer ses centres de décision afin d’être incarnée dans différents Etats membres.
La construction européenne s’est en effet réalisée sur le principe de trois villes hôtes d’institutions, jouant chacune un rôle nécessaire et indispensable. Aux côtés de Bruxelles et Luxembourg qui incarnent respectivement le pouvoir exécutif et judiciaire de l’Union européenne, Strasbourg est le siège du pouvoir législatif. La Ville est par ailleurs, faut-il le rappeler, le symbole de l’Europe de l’humanisme et de la démocratie, celle de la paix, des droits de l’homme et des citoyens. Elle est ainsi le siège de plusieurs institutions qui incarnent ces valeurs : le Conseil de l’Europe, dont la mission est de promouvoir la démocratie, de protéger les droits de l’homme et l’État de droit en Europe ; la Cour européenne des droits de l’homme, le Médiateur européen et enfin le Parlement européen. Il ne s’agit donc pas d’opposer ces trois capitales – Strasbourg, Bruxelles et Luxembourg- mais bien de les associer dans une perspective de complémentarité. Je rappelle que toute modification à la situation actuelle exigerait une modification des traités à l'unanimité des États membres, comme tel est d’ailleurs le cas pour l’ensemble des sièges des institutions européennes.
A l’heure où les peuples se soulèvent au nom des valeurs que je viens d’évoquer et où les Européens ont besoin de repères forts pour traverser la crise qui les accable, le rayonnement européen et international de Strasbourg contribue pleinement à celui de la France. « Strasbourg, capitale européenne » n’est donc pas qu’un enjeu local. C’est une cause nationale qui nécessite l’engagement ferme et résolu, dans la durée, de l’ensemble des autorités de l’Etat.
En conclusion, l'institution doit avoir en effet un seul et unique lieu de travail rassemblant toute l’activité parlementaire. Et cela, dans la ville qui en est le siège, à savoir Strasbourg, comme l’a d’ailleurs lui-même affirmé à plusieurs reprises le Président du Parlement européen, Martin Schulz ».