Bon connaisseur du système, ancien directeur de cabinet de Jack Lang, il stigmatise ainsi l'évolution de l'accès au baccalauréat des jeunes. Alors que le taux de bacheliers est passé entre 1985 et 1995 de 30 % à 60 % - il était de 10 % à la fin des années 1950 -, il stagne depuis dix ans ! Selon l'Éducation nationale, la proportion de jeunes qui obtiennent le baccalauréat a atteint l'an dernier 63,8 %. Elle était de 29,4 % il y a vingt ans et de 62,7 % il y a dix ans.
En réalité, dit-il, l'augmentation de l'accès au baccalauréat s'est faite au profit de l'émergence des bacs technologiques, créés en 1968, et professionnels, créés en 1985. Mais il va plus loin : l'accès au baccalauréat, passeport pour des études supérieures, est porteur, dit-il, d'inégalité sociale... « Il y a trente ans, 60 à 70 % des enfants de cadres passaient le bac, aujourd'hui ils sont 90 % », explique-t-il.
Le taux d'accès des jeunes issus des milieux les plus défavorisés reste inférieur à 50 %, essentiellement dans les voies technologiques et professionnelles. Ainsi, si la proportion d'enfants de milieux défavorisés accédant au bac a progressé, c'est grâce aux voies professionnelles et technologiques. « La probabilité pour un enfant d'ouvrier d'avoir le bac général n'a pas bougé depuis le début des années 1980, elle est toujours de 15 % », martèle-t-il.
Car, avance Christian Forestier, si la part d'une classe d'âge qui obtient un baccalauréat général a atteint l'an dernier 34,6 %, il y a dix ans, cette proportion flirtait avec les 40 %. Aujourd'hui, 17,2 % d'une classe d'âge accèdent au bac technologique et 12 % au bac professionnel. Or, 150 000 jeunes, soit 20 % d'une classe d'âge, s'arrêtent au baccalauréat, dont la moitié après avoir tenté les études supérieures. « Et les deux tiers de ces jeunes laissés sur le bord du chemin de l'enseignement supérieur ont passé bac technologique ou professionnel ! »