"Tous les analystes de l'opinion nous disent que le report des voix de Le Pen se ferait moins bien", explique Claude Guéant, directeur de campagne du candidat de l'UMP, dans Le Figaro de vendredi.
Pour un ministre proche de Nicolas Sarkozy, "si Le Pen n'a pas ses 500 signatures, François Bayrou va devenir le vote chic". Le président de l'UDF a fait ces dernières semaines une percée dans les sondages et fait figure de "troisième homme".
"Il serait naturel qu'un certain nombre de candidats puissent se présenter et qu'ils aient leur signatures parce qu'ils représentent un courant de pensée, c'est le cas de Le Pen et de (Olivier) Besancenot qui ont leur place naturelle dans cette élection", explique pour sa part à Reuters Eric Woerth, trésorier de l'UMP et de la campagne.
"On est un peu inquiet parce que le fait qu'un certain nombre de gens puissent ou non être candidats change un certain nombre de choses dans le paysage politique de façon un peu imprévisible", poursuit-il.
"Ça serait assez curieux pour la démocratie que quelqu'un qui a été au second tour de 2002 ne puisse pas se présenter", ajoute-t-il à propos du dirigeant du FN.
Selon Le Figaro, l'UMP n'exclut pas de "donner un coup de pouce" au FN, qui dit peiner à recueillir les 500 signatures nécessaires à la candidature de Jean-Marie Le Pen. Mais Eric Woerth estime qu'une telle démarche "ne s'organise pas."
"Ceux qui disent le contraire se trompent lourdement d'autant plus que l'élu prend un risque personnel, nous n'avons ni stratégie, ni tactique mais des regrets", dit-il. "Nous préfèrerions le battre à la loyale, pas parce qu'il est exclu de la compétition électorale."
De leur côté, les proches de Jean-Marie Le Pen estiment que les "signaux" donnés par des responsables UMP visant à déculpabiliser des maires, notamment divers droite, tardent à se traduire dans les faits, d'autant que la date de remise des parrainages est le 16 mars.
Le ministre délégué aux Collectivités territoriales, Brice Hortefeux, l'un des lieutenants de Nicolas Sarkozy, a récemment rappelé que "parrainer" n'est pas "soutenir."
Accusé de "crier au loup" alors qu'il aurait déjà son compte de signatures, Jean-Marie Le Pen dément avec vigueur. Il a déclaré jeudi qu'il lui manquait près de cent parrainages, car de nombreuses promesses n'étaient pas honorées.
Le président du FN a également affirmé que le désistement de certains élus "ne devait rien au hasard", ces derniers ayant fait l'objet, selon lui, de pressions de personnes se faisant passer pour de faux journalistes.
Jean-Marie Le Pen a porté plainte contre le souverainiste pour diffamation et a déposé 14 plaintes contre X dans cette affaire pour usurpation d'identité.