Les vainqueurs ; les salariés, les perdants : les candidats
Et pourtant, la filiale de l'afficheur américain est attributaire du marché qui prévoit le collage des affiches officielles devant 85 000 bureaux de vote pour les douze candidats à la présidentielle.
Les syndicats ont, en l'espève, tiré profit du calendrier pour conduire leur action. En effet, vendredi 30 mars, les derniers candidats à la présidentielle signaient leur « subrogation » qui donnait, de facto, à Clear Channel, le pouvoir d'apposer, à partir du 8 avril minuit, près d'un million des affiches officielles sur les emplacements réservés.
À raison de 2,02 euros pour les grandes affiches réglementaires (84,1 x 59,4 cm) et 1 euro pour les "petites" (29,7 x 42 cm), le chantier représente marché public donc un chiffre d'affaires d'environ 3 millions d'euros.
Mais pour n'avoir pas obtenu satisfaction lors de la négociation annuelle sur les salaires, une partie des salariés en a profité pour arrêter le travail et du coup, les 140 employés de l'entrepôt de Nîmes, là où sont pliées puis distribuées les affiches, étaient les premiers à se mettre en grève. Puis les sites de Lille, Lyon, Nice et Wissous leur emboîtèrent le pas.
Clear Channel France, filiale du numéro un mondial de la communication extérieure, l'éternel "challenger" du groupe Decaux, tient, de son côté, au travers d'un communiqué, à préciser que « les tensions sociales, provoquées par des désaccords sur les augmentations salariales, n'auront pas d'incidence sur le bon déroulement des opérations » et avoir fait le nécessaire pour « garantir l'affichage officiel pour les quelques endroits menacés ».
Pour Clear Channel, déjà afficheur officiel lors de l'élection présidentielle de 2002, puis à nouveau en 2004 pour les régionales et les européennes, l'affichage électoral est une campagne d'une ampleur rare.
On notera au passage qu'elle est également opportune dans la mesure où elle vient compenser partiellement ce que le groupe n'a pas remporté comme contrat avec la ville de Paris, pour le mobilier urbain et les vélos, nourrissant toujours l'espoir d'un dénouement heureux de la procédure lancée après l'appel d'offres dont le résultat, au profit de JC Decaux, est contesté.