La municipalité d'Amiens, anticipant les réactions négatives, y avait renoncé dès le 20 avril, deux jours avant le premier tour.
Elle a été suivie, sitôt après le scrutin, par quatre autres villes: Le Perreux-sur-Marne (Val-de-Marne), Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis), Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) et Ifs (Calvados) où un seul des sept bureaux de vote était équipé d'un ordinateur.
Avant le premier tour, des élus de gauche et des électeurs avaient lancé la fronde contre les machines à voter dont ils ont demandé l'abandon, mettant en doute leur fiabilité et dénonçant les risques de manipulation des résultats.
Mais ni le Conseil constitutionnel, saisi par les premiers, ni les tribunaux administratifs, saisis par les seconds, ne leur ont, jusqu'à présent, donné satisfaction.
Pour anticiper la menace d'une contestation des résultats et de demandes d'invalidation du second tour, les Sages ont toutefois pris soin de laisser le choix, aux communes dans lesquelles "des problèmes sérieux se sont produits le 22 avril", de "renoncer provisoirement à ce procédé".
Quel que soit leur bord politique, les municipalités ont été assez nombreuses à signaler toutes sortes d'incidents et la réticence à utiliser les machines s'est amplifiée au lendemain du 1er tour.
Elus et électeurs ont accusé les ordinateurs d'avoir provoqué ou aggravé des retards importants dans le déroulement du scrutin et occasionné de longues files d'attente : en raison de leur nombre insuffisant, mais aussi parce que la participation exceptionnelle, près de 84%, n'avait pas été anticipée.
La quasi-totalité des mairies a cependant décidé de maintenir le dispositif en y apportant des améliorations techniques: augmentation du nombre de machines et personnel d'accueil.
De nombreuses villes, ne déplorant aucun incident, ont décidé de maintenir le vote électronique. Bordeaux qui avait "constitué des bureaux de taille pas trop importante", est "ravie" du système qui a l'avantage de "la rapidité".
Certaines envisagent de le conserver, mais subiront, comme à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) et Villeneuve-le-roi (Val-de-Marne), une nouvelle mobilisation de l'oppositon qui dénonce des "dysfonctionnements très graves". Dans cette dernière ville, le PS a saisi le Conseil constitutionnel pour demander une suspension des machines à voter au second tour.
Comme les fabricants des machines, le ministère de l'Intérieur a exonéré le vote électronique de toute responsabilité dans les retards subis lors des opérations de vote et qui ont contraint maints bureaux à rester ouvert au delà de 20H00.