o Le score moyen de Nicolas Sarkozy recule légèrement (27,5%). Dépassé par François Hollande pendant un court moment, le président sortant a bénéficié d'un léger rebond qui ne se confirme pas en fin de semaine. Ce vendredi, François Hollande égale le score de Nicolas Sarkozy (27%). Oscillant tous deux dans une fourchette allant de 26% à 28% depuis maintenant plus d'un mois, aucun des deux favoris pour la qualification au second tour n'est parvenu à enclencher une réelle dynamique dans les intentions de vote de premier tour.
o Nicolas Sarkozy réalise ses meilleures performances parmi les personnes âgées de 65 ans et plus (presque 40%), ainsi que chez les professions libérales et cadres supérieurs (27%). Il est en revanche au plus bas parmi les 35-49 ans (21%) ou encore les ouvriers (16%), catégorie où il n'arrive qu'en quatrième position. De toute évidence, s'il a réussi à remobiliser à la faveur de sa campagne les catégories traditionnellement enclines à voter à droite, le président sortant n'est pas parvenu à reconquérir ses positions de 2007 au sein de la « France du travail ».
o François Hollande dans le même temps bénéficie d'intentions de vote particulièrement homogènes dans les différentes catégories sociodémographiques. Ainsi par exemple, le candidat socialiste obtient son meilleur score parmi les 25-34 ans (29%), mais ne descend pas en-dessous des 25% au sein de la catégorie où il est le moins performant (les 50-64 ans). De même, aucune catégorie professionnelle ne place François Hollande sous les 20%, alors que son plus haut, mesuré chez les cadres et professions libérales, ne dépasse pas 29%.
o Derrière le duo de tête, la situation n'évolue guère. Marine Le Pen, parfaitement stable depuis plus d'une semaine, est mesurée à 16%, ce qui ne la met pas en position de pouvoir se qualifier pour le second tour. Jean-Luc Mélenchon est lui aussi au même niveau que celui mesuré la semaine dernière, à environ 13,5%. Il devance François Bayrou qui semble avoir enrayé la chute des semaines précédentes et qui se situe aux alentours de 10,5%. Les faibles écarts relevés entre ces trois challengers signifient, compte tenu des marges d'erreur, que l'ordre d'arrivée n'est pas figé non plus à ce niveau du classement.
§ A deux jours du scrutin, la sûreté du choix atteint son plus haut niveau et progresse de 2 points en moyenne hebdomadaire (72%). 28% des électeurs peuvent encore changer d'avis. Parmi ceux-ci, on compte notamment les jeunes de 18 à 24 ans (41% contre 15% parmi les personnes de plus de 65 ans), les employés (37% contre 28% parmi les ouvriers), les sympathisants d'Europe Ecologie-Les Verts (39%, contre 14% parmi les sympathisants UMP et 22% parmi les sympathisants du Parti socialiste).
§ Le candidat du Front de Gauche maintient sa prééminence dans le classement du candidat menant la meilleure campagne (45%, -2 points par rapport à la semaine précédente). Il devance de près de 30 points Nicolas Sarkozy (16%, -3 points). François Hollande se classe en troisième position (13%, -1 point). Les autres candidats ne sont cités que par moins de 10% des personnes interrogées. Notons la progression de 5 points enregistrée par Philippe Poutou (6%), qui talonne Marine Le Pen (9%, -1 point) et devance le candidat du Modem (5%, stable).
Un écart constant dans les intentions de vote de second tour en faveur de François Hollande
§ Cette stabilité du rapport de force de second tour fait écho à celle des reports de voix parmi les deux électorats cruciaux dans la perspective du second tour. Ainsi, les électeurs de François Bayrou se répartissent peu ou prou par tiers entre François Hollande (32%), Nicolas Sarkozy (34%) et l'abstention. Ceux de Jean-Luc Mélenchon se stabilisent à un niveau élevé (77%) en faveur de François Hollande. Auprès des électeurs frontistes, la clef de répartition entre les deux prétendants n'évolue guère depuis plusieurs semaines : 42% de l'électorat Marine Le Pen optent pour Nicolas Sarkozy (+1 point), 18% pour François Hollande (contre 16% la semaine dernière).
§ Les indicateurs de souhait et de pronostic de victoire sont plus que jamais favorables à François Hollande :
o Pour la deuxième semaine consécutive, le pronostic de victoire en faveur de François Hollande progresse nettement et atteint un niveau jamais connu dans le cadre de ce rolling. Ainsi, ce vendredi, 43% des personnes interrogées anticipent une victoire du candidat socialiste, soit 4 points de plus que la semaine dernière et 10 points de plus qu'au début du mois, période où l'écart entre les deux finalistes potentiels était le plus faible. Désormais, François Hollande devance Nicolas Sarkozy de plus de 20 points, le président sortant retrouvant un niveau équivalent à celui mesuré juste au moment de sa déclaration de candidature (22% ce vendredi, score exactement égal à celui relevé le 15 février).
o Le souhait de victoire quant à lui est également plus important pour François Hollande, mais dans de moindres proportions. 39% des personnes interrogées souhaitent ainsi le voir accéder à la présidence de la République, un score en légère progression par rapport à celui mesuré la semaine dernière. Nicolas Sarkozy stagne lui à 33% environ. Relevons que 22% des électeurs ne souhaitent voir aucun de ces deux candidats élu le 6 mai prochain.
L'intérêt pour la campagne électorale à son étiage
L'intérêt reste très contrasté selon les catégories de la population. Les hommes (71%, stable) et les personnes de plus de 65 ans (76%, -1 point) font part d'un intérêt toujours supérieur à la moyenne. Les cadres et professions libérales, qui habituellement se joignent à ces deux premières catégories, font exception : leur intérêt chute de 8 points et s'établit à 62%. Il demeure cependant plus élevé que celui des employés (58%, -3 points) et des ouvriers (56%, -4 points). La campagne présidentielle suscite plus d'intérêt en agglomération parisienne (68%, -4 points) qu'en zone rurale (61%, -1 point). L'intérêt des sympathisants de gauche (75%) et de droite (73%) est identique. Toutefois, les sympathisants d'Europe Ecologie - Les Verts (67%, +2 points) et du Front National (64%, -6 points) déclarent l'intérêt le plus bas.
§ En adéquation avec ce degré d'intérêt déclinant, il est notable de relever qu'aucun des sujets de conversation testés lors de cette dernière semaine de campagne ne recueille une majorité de réponses favorables. Les conversations des Français ont d'abord porté sur les prestations télévisées des candidats. Les interventions des dix candidats à l'élection présidentielle lors de l'émission "Des paroles et des actes" sur France 2 ont fait l'objet de discussions pour 43% des Français. La diffusion des clips de campagne des dix candidats à l'élection présidentielle a retenu l'attention de 40% des personnes interrogées, notamment les jeunes âgés de 18 à 24 ans (52%).
§ Les réunions publiques des candidats n'ont pas suscité la même intensité de conversations. Le meeting de Jean-Luc Mélenchon sur la place du Prado à Marseille a le plus marqué les esprits (37%). Celui de Nicolas Sarkozy sur la place de la Concorde à Paris (34%) a davantage alimenté les conversations que ceux tenus le même jour par François Hollande à côté de l'esplanade du Château de Vincennes (29%), et surtout par Marine Le Pen à Hénin-Beaumont (17%). Le meeting de François Bayrou à Marseille (14%) et celui de Nathalie Arthaud, accompagnée d'Arlette Laguiller, au Zénith de Paris (10%) ont encore moins fait l'objet de discussions.
§ Près d'un tiers de l'électorat a évoqué les accusations portées par Eva Joly sur l'implication de Nicolas Sarkozy dans les affaires Karachi et Bettencourt (36%), les rumeurs autour d'une éventuelle attaque spéculative contre la France en cas de victoire de François Hollande à l'élection présidentielle (34%) et la présentation par François Bayrou de ses propositions en faveur de l'emploi, notamment à propos du Made in France, et du pouvoir d'achat (31%). 24% des Français ont parlé de l'hospitalisation de l'ancien Premier ministre Pierre Mauroy, notamment les personnes de plus de 65 ans (38%)
§ Parmi les aspects plus directement politiques de la campagne, le refus de François Hollande d'entreprendre des discussions avec Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche entre les deux tours de l'élection présidentielle (23%) et le refus de Nicolas Hulot d'appeler à voter pour Eva Joly au premier tour (23%) ont été évoqués par moins d'un quart des personnes interrogées. Les autres dimensions de la campagne ont été peu discutées. La dénonciation par Marine Le Pen des permissions accordées aux détenus qui disposent de leurs droits civiques pour aller voter à l'élection présidentielle (19%), les soupçons exprimés par Nicolas Sarkozy et Alain Juppé sur la réalité du cessez-le-feu en Syrie (17%) et la polémique autour du prétendu voyage de Nicolas Sarkozy à Fukushima (15%) constituent des sujets abordés par moins d'un Français sur cinq.
« La présidentielle en temps réel » Ifop-Fiducial, avec Paris-Match - Vendredi 20 avril 2012