Désormais, "une partie D", comme débat, clora le Conseil, qui s'en trouve prolongé. Mercredi, la réunion a duré 01h45, alors que les Conseils, dans les derniers temps de la présidence Chirac étaient d'environ une heure.
"Le président de la République avait indiqué lors du premier conseil des ministres qu'il souhaitait que ces Conseils n'aient pas un caractère figé, formel, et qu'il y ait de vrais échanges féconds", a expliqué Christine Albanel, ministre de la Culture et de la Communication, et porte-parole du gouvernement.
"Cela se traduit pas cette 'partie D', qui est vraiment une nouveauté, qui portait mercredi sur les heures supplémentaires", a-t-elle précisé lors du compte rendu du Conseil.
Traditionnellement, le Conseil des ministres est consacré en premier lieu aux projets de loi et décrets ("partie A"), puis aux nominations ("partie B") et enfin aux communications des ministres ("partie C").
Alain Juppé, ministre de l'Ecologie, du Développement et de l'Aménagement durables, a ainsi présenté mercredi une communication sur la préparation du "Grenelle de l'Environnement", prévu en octobre.
Jean-Louis Borloo, ministre de l'Economie, des Finances et de l'Emploi, a ensuite lancé le débat sur les heures supplémentaires, que le gouvernement entend détaxer. L'échange a duré "une bonne vingtaine de minutes", selon Christine Albanel.
"Il a ensuite a donné lieu à des échanges divers d'un grand nombre de ministres", a-t-elle déclaré, précisant notamment que le "transfuge" socialiste Eric Besson, secrétaire d'Etat à la Prospective et à l'Evaluation des politiques publiques, était entré dans la discussion.
"N'importe quel ministre peut prendre la parole, le président de la République ayant indiqué qu'il fallait vraiment se situer à un niveau d'intérêt général et ne pas simplement relayer les problématiques directes de ce débat dans son secteur", a souligné Christine Albanel.
"Ce qui est intéressant, c'est d'avoir un échange sur le fond et sur les principes de façon à ce que chacun ne défende pas ce qui le concerne trop directement", a-t-elle souligné.
A la sortie du Conseil des ministres, les ministres et secrétaires d'Etat paraissaient ravis de la nouveauté.
"L'ambiance était extraordinairement dynamique, énergique. Nous avons envie de faire des choses, de les faire ensemble", a témoigné Valérie Pécresse, ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche.
"On s'exprime plus, ça discute beaucoup plus. Il y a un vrai dialogue", a confirmé Christine Lagarde, ministre de l'Agriculture, une "ex" du gouvernement de Dominique de Villepin.
"Avant, c'était très académique. Là on travaille vraiment, il y a des échanges", s'est félicitée Christine Boutin, ministre du Logement et de la Ville.
"J'ai apprécié le fait que le président de la République ouvre un débat informel sur une question très intéressante, celle des 35 heures, de la défiscalisation, et qui permette aux uns et aux autres de s'exprimer, notamment à moi qui ne suis que secrétaire d'Etat", a commenté Eric Besson, saluant "une innovation extrêmement heureuse".
"Beaucoup ont pris la parole", a confirmé le ministre du Budget, Eric Woerth, parlant d'un Conseil alliant "beaucoup de simplicité" à "un certain formalisme".
"Il y a une vraie liberté de ton", s'est réjouie Christine Albanel.
Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner s'est ainsi exprimé lors de la communication traditionnelle sur la situation internationale "avec son expérience personnelle, pas de manière académique".
Autre signe de cette rupture de style, Nicolas Sarkozy appelle certains des ministres "par leur prénom".