Chacun tient des propos qui font des vagues, jusque dans leur propre camp
Ou les "jurys de citoyens" chargés d'évaluer la performance des élus en cours de mandat pour la présidente de Poitou-Charentes.
Des propos qui font des vagues, jusque dans leurs camps respectifs, où certains les accusent à mots plus ou moins couverts de courir après l'opinion.
"J'essaie de tirer les conséquences du tsunami politique de 2002 et du fait que nous sommes une démocratie où un Français sur deux ne vote pas", lançait M. Sarkozy le 10 octobre, en pleine tempête déclenchée par ses propos sur les juges. "Je défends mes idées avec franchise, avec loyauté, sans aucune hypocrisie, c'est exactement le contraire du populisme".
Mme Royal de son côté, vante sans relâche son concept de "démocratie participative".
"Je n'ai pas peur du peuple, au contraire je le respecte", a-t-elle lancé ce week-end, après avoir déclenché un tollé en disant que "l'opinion des Français" était la sienne sur l'adhésion de la Turquie à l'UE.
"En cette précampagne, il y a très clairement une tentation populiste."
Mais en plus du populisme habituel des extrêmes, on la sent chez les deux candidats mis en avant par les sondages", regrette l'analyste Alain Duhamel.
Pour lui, le blocage, réel, du système est "le résultat des échecs gouvernementaux, de la crise de la démocratie représentative et de la crise sociale".
Mais les propositions des favoris ne sont pas à la hauteur des enjeux: "Je pense que si des jurys populaires jugeaient demain l'action des élus, y compris les présidents de région, le résultat serait pittoresque".
"Le populisme a une définition étroite en tant qu'instrument scientifique d'analyse: exacerber des passions populaires au risque de les voir devenir incontrôlables, et formuler des promesses que l'on sait dépourvues de tout réalisme", estime Philippe Braud, professeur de sciences politiques.
"Pour les institutions françaises, le peuple est mobilisé pour les élections et son rôle s'arrête là.
Ce n'est plus vraiment ce que les gens ont en tête. On est en train de changer de modèle", lui fait écho Vincent Tiberj, chargé de recherches au Cevipof. "Toute la question est: est-ce qu'on peut faire confiance au peuple? C'est le bon vieux paradoxe de la démocratie" …