« tout doit être remis à plat, tout doit être reconsidéré (...), il n'y a pas de tabou »

Quatre jours après l'échec de Ségolène Royal au second tour de l'élection présidentielle, l'ex-challengeur malheureux de la candidate lors de la primaire interne au PS a pris date pour l'avenir, livrant son analyse des causes de la défaite.
"Nous vivons aujourd'hui la situation que vivait la gauche en 1969" après son élimination au 1er tour de la présidentielle et avant la naissance du Parti socialiste en
Affirmant que, dimanche dernier à la télévision après l'annonce de la victoire de Nicolas Sarkozy, son visage était celui de "la dureté de la douleur, et non (celui de) la dureté de la vengeance" à l'égard de Ségolène Royal, M. Strauss-Kahn a exhorté les socialistes à reconnaître leur "défaite incontestable, la plus large depuis la victoire du général de Gaulle" en 1965.
Le député du Val d'Oise a rendu "hommage à la campagne de Ségolène Royal et à sa volonté de faire bouger les lignes".
Sans citer le premier secrétaire François Hollande, M. Strauss-Kahn a concentré ses critiques sur lui.
Pour l'ancien ministre, "si la gauche veut gagner les élections législatives et résister le mieux possible", elle doit "montrer qu'(elle a) entendu le message de la présidentielle".
"Les Français veulent une gauche efficace, une gauche crédible, une gauche concrète", ils veulent "une gauche qui règle les problèmes, pas qui ressasse les solutions d'hier", a-t-il affirmé.
"L'unanimisme comme stratégie et l'habileté comme méthode ont fini par avoir pour conséquence que nous nous sommes éloignés du réel", a-t-il asséné, y voyant la principale raison de la défaite.
Il a relevé que les socialistes avaient été "totalement inaudibles" sur les retraites, notamment en n'excluant pas explicitement un retour aux 37,5 ans de cotisation.
Il a critiqué la proposition de M. Hollande, en janvier dernier, d'instaurer une CSG-retraite, estimant qu'elle témoignait d "une incompréhension complète de ce qui se passe dans notre société".
Selon M. Strauss-Kahn, "ce n'est pas l'invention d'un impôt de plus qui règle le problème".
Il a reproché au PS d'avoir "étouffé le renouvellement des générations", exhortant ses camarades à "faire une place à ceux qui ont 30 ans".
Selon l'ancien ministre, deux scénarios sont possibles pour le PS: "un scénario noir où le PS devient petit à petit la SFIO (...), finalement un astre mort; un scénario rose, celui d'un Parti socialiste rénové qui, idéologiquement, s'ancre dans le réel".
M. Strauss-Kahn a invité les socialistes à ne pas baisser les bras pour les législatives.
"Il faut y aller pour gagner", a-t-il conclu.