D’intéressantes émissions politiques, souvent en seconde partie de soirée malheureusement à l’exception de celle animée par Arlette Chabot ce jeudi sur France 2, ont mis en lumière des points intéressants et instructifs. Avec la quasi-totalité des « grandes listes » représentées, les ténors de ces mouvements qui disent tous, à l’unisson, être européens mais ne pas vouloir de cette Europe-là, qui affirment être citoyens en invitant les auditeurs ou téléspectateurs à accomplir leur devoir civique, qui avec une touchante harmonie nous distillent les raisons pour lesquelles ce scrutin est historique, ne parviennent ni à mobiliser, ni à convaincre.
Tous disent la même chose. Aucun discours, aucun argumentaire, aucune profession de foi ne vient nous apporter les clés de ce vote ni les raisons pour lesquelles il aurait tant d’importance alors que Bruxelles. Car Bruxelles, tel le Titanic, malgré les référendums négatifs français et hollandais, n’a pas le moins du monde changé de cap ni même tenté de colmater ses voies d’eau alors qu’à bord les musiciens continuaient sans sourciller de jouer en boucle les mêmes morceaux.
Le seul, dans les débats, qui soit finalement clair, c’est Daniel Cohn-Bendit alias « Dany Le Rouge ». Il tutoie tous ses opposants parce qu’il le connaît bien et est lui-même interpellé avec la même familiarité par celles et ceux qui voudraient lui « voler la vedette » car dans ce petit milieu de privilégiés, tout le monde se connaît et pour cause …
D’ailleurs, Dany Le Rouge l’a dit : le parlement européen ce n’est ni l’Assemblée nationale, ni le Bundesrat ; c’est bien plus complexe et technique et il faut de l’expérience et d’une certaine manière « être au parfum » pour ne pas bousculer un ordre bien établi.
De plus, il est le seul à demander que la contribution des pays membres soit augmentée, en valeur relative, de 30% environ en fonction de leur produit intérieur brut, pour donner davantage de moyens et de pouvoirs à l’institution qui serait en train de changer en donnant davantage de pouvoirs aux députés et donc moins aux ministres et chefs d’Etats et de gouvernements. L’argument peut être écouté, entendu, mais il ne tient pas.
Être à Bruxelles, ce n’est pas un calvaire et c’est bien la raison pour laquelle se livre ce combat : avec des indemnités, non imposables, particulièrement élevées, des « primes » dès lors que l’on participe à une commission ou que l’on la préside, avec des avantages en nature exorbitants et autres compensations extraordinaires, un siège de député européen a beaucoup de valeur, bien davantage qu’une plaque de taxi ou un quelconque fond de commerce artisanal ou de profession libérale. Et, à la clé, retraites, protection sociale et avantages divers pour ces élus qui, jusqu’ici, n’ont empêché aucun dysfonctionnement, pour ces représentants du peuple, élus au suffrage universel et à la proportionnelle, qui n’ont pas su, en tant d’années, construire le rêve que l’on nous promettait pour faire à tout le moins jeu égal avec l’Amérique ou l’Asie.
Avec ces « casseroles » amassées avec le temps, avec ces déceptions cumulées, parce que les messages envoyés par nos compatriotes lorsqu’ils ont été consultés par voie référendaire semblent n’avoir ni été entendus ni compris, pourquoi continuer à voter pour ce qu’il faudrait changer, du tout au tout ?
Dimanche 7 juin, il y aura plus d’intérêt à regarder la finale de Roland-Garros, à aller se promener ou encore à pécher que de se rendre aux urnes alors que ce devoir nous incombe et que ce droit est infiniment précieux.
Personne, semble-t-il, n’a été sensible à la symphonie que nous ont joué avec pourtant parfois du talent par les 161 « musiciens » et têtes de liste. Ce sera une fois encore une occasion manquée que celle de construire, avec à l’esprit des idéaux universels parmi lesquels figurent la paix, la prospérité mais aussi la trilogie française de liberté, égalité et fraternité.
Pour y parvenir, un jour peut-être, il faudra changer de musiciens – non pas que les 161 têtes de liste ne soient pas à la hauteur – mais changer pour des interprètes d’une nouvelle partition, qui reste à inventer et ce avant qu’il ne soit trop tard.
En attendant, dimanche soir, le grand gagnant, avec peut-être une majorité absolue, ce sera l’abstention …