M. Rebsamen a même été jusqu'à demander aux deux autres candidats du courant majoritaire, Jack Lang et Dominique Strauss-Kahn, de se retirer de la compétition, Ségolène Royal, favorite des sondages, lui apparaissant comme la plus capable de rassembler le parti.
La réaction des strauss-kahniens a été immédiate : "Je suis scandalisée, c'est une démarche opportuniste", a déclaré à l'AFP Michèle Sabban, vice-présidente de la région Ile-de-France et membre du bureau national du PS. Elle a regretté le "silence troublant" du premier secrétaire François Hollande, compagnon de Ségolène Royal, et annoncé qu'elle présenterait mardi au Bureau national une motion de rappel à l'ordre.
Jack Lang a pour sa part dénoncé, dans une lettre à François Hollande, la "fatwa" prononcée par M. Rebsamen. "Nous ne sommes pas des toutous auxquels, sur un coup de sifflet, on pourrait intimer l'ordre de rentrer au chenil", a-t-il déclaré. "L'injonction caporaliste n'est pas nécessairement la meilleure méthode pour favoriser le nécessaire rassemblement des socialistes", a-t-il dit.
Lors du point de presse hebdomadaire du PS lundi matin, Stéphane Le Foll, directeur de cabinet de François Hollande, a pris ses distances avec les propos du numéro 2 : "Chacun doit être respecté" et "Il est de la responsabilité de chacun de décider de ce qu'il doit faire le moment venu", a-t-il dit.
"Le premier objectif" du PS "est que la désignation se fasse dans la sérénité et ne soit pas l'occasion d'une division des socialistes", a affirmé le député européen.
Devant ce tollé, M. Rebsamen a tenté à la mi-journée de modérer ses propos : il a souligné sur France 3 que sa demande n'était "pas une exigence", mais "un appel à une réflexion collective". "Toutes les candidatures sont légitimes", mais, a-t-il argué, "moins il il y a de candidatures, plus ce sera facile de rassembler les socialistes".
Quant à Ségolène Royal, elle s'est installée dimanche dans la posture de candidate, répétant comme un leitmotiv: "Si je suis en situation...", en appelant aux mânes de François Mitterrand et achevant son discours sur un appel général au rassemblement de "tous ceux qui veulent que ça change".
Mais son discours programme de près d'une heure, longuement travaillé par ses conseillers et qui reprenait les grands thèmes souvent évoqués depuis plusieurs mois, n'a pas toujours su persuader son auditoire.
Ainsi ce militant du Mouvement des jeunes socialistes, interrogé par l'AFP TV, qui s'est dit "pas encore convaincu". "Les militants socialistes vont voter surtout sur le fond, pas sur la personne. Et sur le fond, j'attends plus", a souligné Johann Millan.