A leur sortie de la maison d'arrêt, les familles étaient partagées entre soulagement et inquiétude, certaines rompant le front uni qu'elles présentaient depuis le début de l'affaire.
Les six membres de l'ONG ont été reconnus coupables de tentative d'enlèvement de 103 enfants africains qu'ils présentaient comme des orphelins du Darfour. La plupart seraient en réalité Tchadiens et auraient encore une famille.
Samedi matin, les proches ont pu accéder au parloir pour les voir, notamment dans la structure hospitalière où ont été transférés le président de l'association, Eric Breteau, et l'infirmière Nadia Merimi. Au Tchad, les condamnés avaient observé une grève de la faim pour protester contre le "lâchage" des autorités françaises dont ils s'estimaient victimes et une brève grève de la soif après leur condamnation.
Paris avait demandé officiellement jeudi le transfert des travailleurs humanitaires français détenus au Tchad depuis deux mois. Les membres de L'Arche de Zoé ont donné leur accord à cette procédure qui s'appuie sur un accord bilatéral passé en 1976 entre le Tchad et la France, ce qui suppose acceptation de la peine prononcée.
Le 14 janvier, il s'agira d'une simple audience et non d'un nouveau procès, a précisé Gilbert Collard sur France Info. "La marge de manoeuvre est étroite. Elle dépend vraiment de l'envie des juges de donner une définition plus large (...) du droit du transfèrement", a-t-il estimé.
Une fois leur peine transformée, les condamnés auront accès au régime d'exécution des peines français, qui prévoit qu'un condamné dans une affaire criminelle peut formuler une demande de libération conditionnelle à mi-peine, soit après quatre ans de détention dans leur cas. Un juge d'application des peines peut également aménager leur détention.
Une instruction distincte pour "exercice illégal de la profession d'intermédiaire en vue de l'adoption et escroquerie" reste ouverte à l'encontre des six à Paris.
Ils encourent une mise en examen, voire une mise en détention et un nouveau procès dans ce dossier, qui regroupe plusieurs dizaines de plaintes déposées par les familles approchées en France par l'association et qui ont versé des sommes d'argent.