Pris par surprise, les uns et les autres ont connu un vrai reverse de fortune, une situation presque dramatique où ce que vous avez mis des années sinon des décennies à bâtir s’envole en quelques volutes d’une fumée destructrice.
Le quoi et le pourquoi étant connus, il ne restait que le quand à anticiper pour ne pas faire partie des perdants et les boules de cristal n’ont pas fonctionné aussi bien que ne l’annoncent les publicités qui font leur succès sur Internet. Résultat : la valorisation du patrimoine d’un grand nombre de personnes a été plus qu’obérée sans qu’aucune solution juste et viable ne soit applicable.
En revanche, eux-mêmes surendettés, les pays développés ont préféré se mettre au chevet des établissements financiers d’abord et de grands secteurs de l’industrie ensuite par crainte de voir se reproduire une dépression telle que l’on l’avait connu en 1929.
Certes, les banques de détail en premier étaient en crise puisqu’elles manquaient toutes cruellement de liquidités, ces sommes que les banques nous doivent et qui reflètent nos dépôts, nos économies, nos placements pour une retraite plus confortable que celle à laquelle on peut s’attendre.
La voie choisie notamment par la France et l’Allemagne a certes fonctionné car l’injection de plusieurs centaines de milliards d’euros en liquidités et/ou garanties sur les marchés ne pouvait être inefficace. A l’inverse, ce déblocage massif a surtout servi à combler les brèches ouvertes un peu partout et pour lesquelles le flux salvateur n’a finalement été qu’un feu de paille, permettant à certains de reculer … pour mieux sauter.
L’économie réelle, en revanche, n’a pas été trop touchée en moyenne car hors spéculation, il fallait continuer à faire tourner la machine, les personnes devaient continuer à consommer, les entreprises à produire avec des matériaux et matières premières, les collectivités continuer à fournir les services publics, marchands ou non, qui relèvent de leurs compétences.
Le réel est sans nul doute l’étalon de la situation réelle de l’économie mondiale et en particulier de celle qui fait tourner les rouages de notre pays. Les marchés tangibles ont continué à se développer et la modernisation et de l’Etat et de l’appareil productif étaient là pour nous rassurer et surtout pour que chacun comprenne avec davantage d’acuité que notre monde avait glissé dans une configuration à « deux vitesses », celle des personnes physiques ou morales « droites dans leurs bottes » et les autres, toutes les autres, qui se livrent à tant de spéculation folles quand elles n’alimentent pas le développement des activités et commerces illicites qui, chacun le sait, pèsent bien plus que les 10% - un seuil déjà intolérable – atteint à l’aube des années 2000.
Aujourd’hui la question se pose à nouveau car des transferts gigantesques d’actifs ont eu lieu déplaçant du même coup certains centres de décision financière et/ou économique. Les bonnes habitudes des uns se sont consolidées et sont gérées au mieux des intérêts de tous alors que sont repartis à un rythme effréné jamais connu jusqu’ici les paris n’ayant pour socle que des produits virtuels conçus par des matheux mis à contribution pour les créer alors que les banques de détail – dites banques de dépôt – ne pouvaient plus être rentables dans le paysage moderne de la compétition internationale.
Le résultat est très inquiétant : l’économie réelle fait front comme elle peut mais ne peut connaître la croissance nécessaire au « wellfare » qu’en comptant aussi sur les produits virtuels pourtant déjà sévèrement sanctionnés lors de la bulle Internet et donc bien avant la crise de l’an dernier.
Une fois de plus, conjoncturellement comme structurellement, la période est fragile. Les marges de manœuvre quasi inexistantes. Les espoirs des uns et des autres placés dans des « concepts » dont les modèles économiques n’ont jamais été prouvés comme étant pertinents. Ou, tout simplement, comme pouvant fonctionner. Tout simplement. A nouveau en cet été 2010 le quoi et le pourquoi sont connus. Et, deux après les sueurs froides du G8, il subsiste le quand comme grande inconnue de l’été. Et cette fois, il pourrait porter des coups fatals à ces faux joyaux que l’on avait mis, pour des raisons purement politiques, sous perfusion …
Ce sont les marchés qui dictent notre destin et non l’inverse.