je souhaite ardemment sa réélection et je m’apprête à lui apporter mon suffrage dès le premier tour
Un quinquennat de libération
Je voterai pour Sarkozy car ce que je finissais par croire impossible est enfin arrivé : le centre de gravité de la vie politique française s’est déplacé vers la droite. Réforme après réforme, chantier après chantier, discours après discours, Sarkozy s’est révélé un adversaire comme la gauche n’en avait pas imaginé dans ses pires cauchemars, sapant ou reléguant carrément au magasin des antiquités les plus ringardes une bonne partie de ce que l’on nous présentait comme tabou.
Sur le poids de la fonction publique, le retour de ces beaux mots de sélection et de mérite, le coût et l’injustice de l’assistanat, la réhabilitation du travail, la réduction de la bureaucratie, la neutralisation des syndicats politisés, l’inconséquence de la politique suivie depuis 35 ans en matière d’immigration et j’en passe, Nicolas Sarkozy a sapé, ébranlé ou carrément détruit toute une mythologie dite progressiste, qui n’était en fait que la liste terrifiante des conservatismes que ces deux plaies pour le pays que furent François Mitterrand et Jacques Chirac imaginaient, par conviction, faiblesse ou lâcheté, définitivement inscrits dans l’ADN de la France.
Le seul candidat de droite
A tel point que, des éditorialistes les plus en vue aux commentateurs au zinc du bistrot, innombrables sont désormais ceux qui tiennent des propos que, il y a encore cinq ans, nul ou presque n’osait exprimer à voix haute.
Cette liberté m’est trop précieuse pour que je prenne le moindre risque de la perdre au soir du 6 mai.
Certes, beaucoup reste à faire et, des discours aux actes refondateurs, il y a encore bien du chemin à parcourir.
Mais il fallait d’abord que, dans la France sclérosée par des décennies d’immobilisme, la parole quasiment révolutionnaire de Sarkozy passât. Et que l’on ne vienne pas me parler de son « ouverture à gauche », qui a permis, avec Eric Besson, un débat sur l’identité nationale qui, s’il n’a pas abouti, est désormais lancé et ne se refermera jamais, alors que, dans le même temps, Marine Le Pen pratiquait elle aussi une « ouverture à gauche » avec cette différence majeure qu’elle l’a conduite à adopter les positions chevènementistes de ceux qui étaient supposés se rallier à ses thèses !
Je voterai également pour Sarkozy car, de tous les candidats en lice, le chef de l’Etat est le seul, l’unique candidat de droite sur les dix postulants à la magistrature suprême. Le seul. Je ne tiens pas pour un candidat de droite, ni pour un candidat sérieux, quelqu’un qui veut rétablir la retraite à
60 ans, faisant passer la démagogie avant la démographie, quelqu’un qui se propose de ressusciter la planification économique de sinistre mémoire, quelqu’un qui veut retrouver le chemin de l’économie mixte et, même, restaurer « l’Etat providence », celui-là même qui nous a ruinés et qui nous paralyse depuis des décennies !
Je tiens même pour un candidat dangereux quelqu’un qui, sous couvert de lutter contre l’islamisation, s’enferre dans une laïcité de combat à l’égard de toutes les religions, mises sur le même pied, comme si le catholicisme – et le judaïsme, et le protestantisme – ne pouvaient pas prétendre, en France, à nettement plus de droits que l’islam ! Je tiens également pour un candidat dangereux quelqu’un qui, exigeant la sortie de la France de la zone euro (pourquoi pas), explique maintenant, s’étant aperçu qu’une majorité de ses électeurs potentiels y est opposé, que la décision sera soumise à référendum et que, si les Français veulent conserver l’euro, il fera avec alors que tout son programme économique repose sur la sortie de l’euro !
Un choix politique, pas affectif
Je voterai pour Sarkozy, enfin, parce qu’il est le seul dans cette campagne à parler de « civilisation européenne », réalité historique, spirituelle et culturelle qui va bien au-delà des différends organisationnels, quand certaine autre veut bannir le drapeau européen considéré comme l’« atroce symbole d’une élite oligarchique », ignorant, parmi tant d’autres choses, que son fond bleu est le bleu marial et que le « cercle de douze étoiles d’or » est celui couronnant la tête de la Vierge Marie après son assomption selon l’annonce qui en est faite dans l’Apocalypse selon saint Jean.
Dimanche 22 avril, je voterai pour Sarkozy. Sans hésitation. Sans état d’âme. Sur un choix politique, réfléchi, mûri, assumé. Pour l’affectif, qui m’aurait poussé vers un autre candidat, on verra plus tard. Ce n’est pas l’objet du scrutin.