Cette semaine, les premiers paquets de cigarettes avec des photos choc, destinées à décourager ou alerter les fumeurs sur les dangers du tabac, ont fait leur apparition dans les rayonnages des buralistes. Ce nouveau coup d’épée se fait deux mois avant l'entrée en vigueur de la nouvelle réglementation et ne modifiera en rien, chacun le sait, dans les deux camps : celui des fumeurs qui entendent bien pouvoir continuer à jouir de leur liberté de jouir de ce plaisir et celui des opposants qui reste acquis à des idées reçues qui pourtant n’ont jamais été réellement corrélées scientifiquement sans quoi il y a longtemps que le tabac serait interdit !
Effectivement, récemment interrogé par la rédaction, le chef de service de pneumologie d’un grand hôpital parisien, lui-même amateur de cigare, confirmait bien que le tabac pouvait être un facteur aggravant chez des personnes prédisposées ou souffrant déjà d’autres pathologies pouvant devenir davantage évolutive avec les volutes des cigarettes, pipes et autres cigares. En revanche, jamais aucune étude sérieuse n’a pu confirmer le caractère dangereux systématique du tabac !
Armée de ses lois et règlements, de son principe de précaution, l’Administration aurait beau jeu, en dépit des puissant lobbies qui gouvernent cette industrie de la mettre à mal. Mais le véritable problème est qu’ils n’ont rien – ou pas grand-chose – pour faire du tabac autre chose qu’une super cagnotte fiscale.
En revanche, toutes les compagnies d’assurances – notamment sur la vie – vous expliqueront qu’un taux anormal de Gamma GT dans le sang d’un client, attestant de sa propension à l’alcoolisme, représente un risque mille fois supérieur à celui de la tabagie qui d’ailleurs ne figure que de manière discrète sur les questionnaires destinés notamment aux emprunteurs.
En interdisant purement et simplement alcool, tabac, chichas, certains boissons « parfumées » ou colorées avec des adjuvants ou pigments réputés dangereux, en imposant à celles et ceux qui en faisaient l’usage une cure de désintoxication pour aboutir à une population homogène et « saine » au sens de ce nouveau cadre réglementaire, il n’est pas certain que les statistiques en termes de santé publique s’en trouvent profondément modifiées et inévitablement le report ou le transfert se fera alors sur de nouvelles substances – en particulier ces alcools lourds qui parfument les bonbons pour une haleine plus fraîche ou la nouvelle génération de chewing-gums – en exposant alors à coup sûr leur état clinique à des risques connus et sûrs.
Déjà, sur un autre terrain, le débat fait rage pour ce qui concerne les faux sucres et tout particulièrement l’aspartame car après des années de faux-semblants et d’information par omission, le dossier ressort avec cette fois de vrais contrarguments dans la famille des édulcorants.
Tout ce que nous ingérons, respirons, rejetons est de nature à mettre en péril quelque chose ou quelqu’un et le simple fait de dissuader par ces images choc les « addicts » au tabac pourrait se voir être porté devant les tribunaux pour mise en danger de la vie d’autrui car aucun accompagnement efficace et savamment démontré n’existe pour traiter la totalité de cette population pointée du doigt.
Le débat mérite d’être relancé car les comportements depuis l’interdiction du tabac dans les lieux publics ont changé – le plus souvent en bien – mais les effets pervers ne se sont pas fait attendre et la question qui se profile derrière cette nouvelle campagne de communication et de sensibilisation est réellement de savoir jusqu’à quel niveau de tolérance doivent aller les pouvoirs publics pour un juste équilibre au sein des populations réputées « à risque ».
Afficher auparavant « Le tabac provoque le cancer mortel du poumon » sur un paquet de cigarette a autant de valeur que d’imprimer des bouches d’édentés ou des clichés pulmonaires d’un malade au stade terminal.
Il faut savoir raison garder : la tabac constitue une source importante de revenus pour l’Etat tout comme d’ailleurs les taxes sur les alcools et celles dans un autre registre sur l’essence. Mais l’Etat donneur de leçon, l’Etat rédempteur, l’Etat qui régente est avant tout un aspirateur à taxes pour retrouver un soupçon de marge de manœuvre de financement.
Bernard Marx