Les autres candidats aujourd’hui déclarés sont tous dans le même cas et, d’une certaine manière, ils ne sont « que » les porte-parole des mouvements auxquels ils appartiennent.
Pourtant, rien n’est joué. Le combat sera rude. La bataille ne fait que commencer et le candidat de l’actuelle majorité, quel qu’il soit, ne descendra que tard dans l’arène où les autres ont déjà commencé à s’écharper.
Compte tenu du contexte économique, financier, politique et social au plan international, compte tenu des risques de récession ou déflation qui sont là, devant nous, compte tenu de l’endettement formidable des plus grandes puissances de la planète, aucun des programmes proposé n’est réaliste ni applicable. Ne nous voilons pas la face : chacun le sait et même Laurent Joffrin, éditorialiste et patron de notre confrère « Le Nouvel Observateur », dans son billet du 10 novembre dernier, a invité la gauche à nous faire rêver (« la gauche ne doit pas seulement prouver qu’elle sait gérer. Elle doit aussi faire rêver »). Oui, il faut nous vendre du rêve, tant la réalité, la vraie vie, n’est plus supportable. Et encore, en ne se basant que sur ce que l’on veut bien nous dire, c’est-à-dire en omettant tout ce que l’on nous dissimule, à dessein.
L’action du chef de l’Etat français, sur le fondement de nos institutions, est d’ordre économique, institutionnelle et politique : c’est le triptyque incontournable de nos présidents depuis déjà des dizaines d’années mais c’est à chaque mandat avec une marge de manœuvre qui devient de plus en plus étriquée.
Sur le plan des finances publiques, l’Etat ne peut que se payer une cure d’amaigrissement avec une latitude de plus en plus étroite en raison des décisions que Bruxelles nous impose.
Sur le plan institutionnel, la Vème République a sans doute fait long feu mais le chantier d’une réforme constitutionnelle digne de ce nom ne pourra se faire d’un claquement de doigts et sans consultation du peuple souverain.
Sur le plan politique, les mesures apparentes, celles que voient les électrices et les électeurs et qui font la cote de popularité des membres de l’exécutif comme celle des députés, sénateurs et maires sans oublier les futurs conseillers territoriaux et leurs pairs, conseillers généraux et régionaux, ne seront que des mesures d’urgence, des aides à la personne, des mesures d’ordre social et parfois presque humanitaires. Il va falloir s’occuper de ce que l’on appelle pudiquement « la conduite du changement » et qui touche une majorité écrasante de nos compatriotes. Chômage, fins de carrières tristes, accès au logement, accès aux soins et à un système de santé préservé, accès à l’éducation … seront les fers de lance de toutes celles et tous ceux qui peuvent agir.
Il y aura vraisemblablement un grand absent de la campagne 2012 : ce sera l’environnement. Nous n’avons pas ou plus les moyens de nos ambitions plus ou moins bien mises en partitions lors des Grenelle de l’Environnement. Être écologiste est un devoir dès lors que la démarche n’est ni politique, ni opportuniste. Tous, de droite comme de gauche, le sont ou le seront dans leur profession de foi. Mais au bout du compte, ce sera l’environnement le grand perdant du prochain scrutin majeur et avec lui les congrès et colloques récurrents sur le thème du développement durable qui finalement n’auront fait qu’alimenter une poignée d’entreprises ayant exploité le filon.
Les lignes bougeront. Plus rien ne sera comme avant. Et ce n’est pas demain qu’il faudra travailler moins pour gagner plus …
Bernard Marx