La polémique a des raisons d’être. Car, depuis plusieurs années déjà, le mouvement prend de l’ampleur. Il touche la quasi-totalité des enseignes de la grande distribution. En outre, fait plus grave, il affecte également dans les secteurs public et parapublic, la restauration collective, scolaire et municipale, sans oublier celle qui peut, le cas échéant, nous être servie à bord d’un train ou d’un avion d’une compagnie française.
Encore une fois, Madame Le Pen pose les bonnes questions mais ne propose jamais les bonnes solutions. Toujours est-il que les tranches de jambon (pur porc) ont depuis déjà longtemps quitté les étalages et les services de restauration dans les transports. Les mêmes tranches qui s’accommodaient volontiers avec de la purée ont quasiment disparu des cantines scolaires.
Et le jambon n’est que la face émergée d’un immense iceberg dont les professionnels et le personnel politique savent bien que c’est pour donner satisfaction au moins à une communauté.
Pourtant, dans ce débat, il faut raison garder. Le fait qu’existent, dans les commerces, des rayons halal ou cacher, n’a rien de choquant. Car les communautés juive et musulmane doivent pouvoir s’approvisionner aussi en aliments, selon leurs rites, leur us et coutumes, mais à condition que cette « ouverture » ne fasse pas d’ombre à la distribution des produits classiques dont on peut observer, en visitant simplement au hasard quelques petites, moyennes et grandes surfaces, qu’elles jouent une carte dangereuse vis-à-vis de leur clientèle qui ne peut qu’être éclectique sauf à reconnaître l’existence de ghettos dans certains espaces urbains de notre pays.
La France, terre de solidarité et d’accueil, doit prendre garde au maintien de ses grandes valeurs républicaines et notamment ne céder aucun terrain sur le principe de laïcité. Déjà certains élus locaux, souvent clientélistes, ont fait le choix de fermer les yeux sur certaines pratiques des communautés dites « visibles » et par le nombre c’est évidemment la communauté musulmane qui est pointée du doigt.
Les prestataires qui assurent la restauration dans les TGV comme dans les avions d’Air France et d’autres compagnies aériennes françaises se défendent d’avoir été en quelque manière influencés par de possibles pressions en vue de satisfaire une clientèle qu’il ne faut pas, pour autant, négliger. Mais à y regarder de près, depuis de nombreuses années déjà, les menus concoctés par ces prestataires n’incluent que ce que peuvent manger leurs clients, ces potentielles électrices et possibles électeurs pesant sociologiquement et politiquement chaque jour davantage.
Quelle solution apporter pour déminer cette polémique qui enfle à quelques encablures du 1er tour de l’élection présidentielle ? Elle relève du bon sens et est donc assez simple. Les produits proposés doivent couvrir tout le spectre des aliments disponibles pour une alimentation normale et validée par des nutritionnistes indépendants. En revanche, en plus ou à côté, les différents acteurs auraient alors le droit de proposer, à titre exceptionnel ou simplement optionnel, des plats halal ou casher, aux seules fins de satisfaire ces communautés qui doivent respecter certains interdits alimentaires à caractère religieux. Or, c’est justement parce que ces interdits transgressent le sacrosaint principe de laïcité qu’il faut rester ferme. Donc, éventuellement, faire acte de tolérance. Sans aller plus loin. Avant que cette « pandémie » du halal ne se propage, les musulmans pratiquants savaient très bien où se procurer leurs fournitures diverses y compris alimentaires. Il en va de même pour la communauté juive. Les écoles religieuses existent. De même les commerces de biens et services pour ces communautés sont accessibles un peu partout sur le territoire. Et les enfants, que les parents entendent élever dans le rite notamment musulman, ont à leur disposition nombre d’écoles coraniques !
De toute cette virulente polémique, née ces derniers jours, il faut s’en tenir au maintien, sur notre sol républicain, partout là où l’on reçoit du public, du principe de laïcité. Quitte à dégarnir, s’il en était besoin, les linéaires des commerçants et autres prestataires devenus avides et cupides, voire vénaux.