De telles manœuvres sont scandaleuses car elles ont pour effet :
1- De donner un espoir – le plus souvent vain - à des milliers de personnes alors que les annonces ont manifestement été rédigées pour justifier un taux de refus proche des 100%
2- De constituer un vecteur positif d’image pour une société, un groupe ou une administration alors que pris ensemble ou séparément, ils ont tendance davantage à « décruter » qu’à recruter !
Le nombre de travailleurs handicapés dans notre pays est très important. Ils ont beau fournir des efforts surhumains et explorer toutes les pistes possibles : le « racisme » existe aussi vis-à-vis des personnes qui par leur aspect ou leur situation imposent que l’on accepte l’insertion et l’intégration de la différence. Au très « délit de sale gueule » pointé du doigt par de nombreux élus s’ajoute aussi le délit de la différence, qui va de l’aspect aux facultés, en passant par l’âge.
En tout état de cause, l’expérience de notre maison d’édition, fondée en 1949, qui accueille dans sa petite équipe deux travailleurs handicapés est sans appel : les aides promises ne sont jamais venues, les primes à l’emploi ont – sans qu’aucun recours ne soit possible – été divisées par cinq au motif que les reliquats de budgets ne permettaient pas de libérer davantage de moyens financiers. Pourquoi ? Simplement parce que lesdits moyens avaient été octroyés à des groupes en excellente santé financière et pour certains même cotés au CAC40 !
Il est regrettable que les représentants légaux et les dirigeants opérationnels des associations, instituts et fondations, censés œuvrer dans le sens d’un changement de braquet, pour ces populations, se laissent ainsi aussi facilement berner par des boites de com’, sans foi ni loi, qui vous font de très beaux visuels avec force fauteuils roulants et cannes blanches. Alors que chacun sait bien que les formes de handicap sont bien plus diverses et plus variées que celles que l’on nous sert comme justificatif aux actions conduites ici ou là.
Le bilan des institutions censées aider les personnes handicapées à s’insérer dans le monde du travail plutôt que de vivre des maigres subsides de l’Etat ou des collectivités locales est sans appel. Assurément, sans qu’elles ne permettent réellement de favoriser le recours aux talents et à l’expérience de ces personnes différentes, l’Etat, les collectivités et les entreprises préfèrent soit être taxés, soit justifier, le plus souvent maladroitement, que l’insertion était impossible…
Le handicap est pourtant une situation difficile à vivre. Jamais les personnes, atteintes d’incapacités totales ou partielles, temporaires ou non, n’ont préféré vivre sur le dos de la solidarité nationale qui, au bout du compte, n’est autre qu’une allocation qu’elles préfèreraient voir être versée aux cas les plus tragiques en formant, pour elles-mêmes, le vœu d’être accueillies comme tant d’autres dans des sociétés et institutions proposant mille et une facettes de tâches à leur portée.
Pour bien mesurer l’ampleur de l’hypocrisie des actions conduites par les uns et les autres, des candidatures réelles et d’autres, imaginaires, ont été déposées lors des journées censées rapprocher employeurs et handicapés. Le bilan ? Jamais n’ont été obtenu le moindre entretien ni le moindre rendez-vous, la seule « retombée » se limitant à une lettre-type qui vous souhaite bon vent dans vos recherches.
Le moment est venu de créer un Observatoire de l’Insertion des Personnes Handicapées afin de pouvoir agir sur les leviers existants et apporter l’aide nécessaire à celles et ceux qui tentent, bon gré mal gré, de faire aboutir des demandes en parfaite adéquation avec une offre ou, à l’inverse, de pénaliser les autres, tous les autres, qui ne se servent de ces actions que comme moyens de mieux communiquer sur leur politique en matière de ressources humaines.
En un mot comme en mille, le moment est venu de mettre de l’ordre dans ce domaine sensible alors que la loi de 2005 de compensation du handicap voulue par Jacques Chirac n’est toujours pas appliquée dans l’esprit des textes votés par la représentation nationale. Sept années après, rien n’a changé. Sauf le nombre de colloques et d’ouvrages sur le sujet, des outils qui n’auront profité qu’à leurs auteurs ou organisateurs. Mais jamais aux très nombreuses personnes toujours en quête légitime de reconnaissance…