Terre d’accueil, lieu d’intégration, pays sans doute unique où se brassent avec succès tant de cultures différentes, la France est et reste une destination de rêve pour toutes celles et tous ceux qui aspirent notamment à davantage de liberté.
La France a connu au fil de notre Histoire des périodes funestes. Mais elle s’en est toujours sortie. Comment ? Par sa capacité à fédérer les énergies, par ce miracle permanent qui permet le cas échéant de rassembler les uns et les autres autour de projets de société qui la hissent toujours plus haut.
Même si ce tableau peut paraître idyllique, il est dépeint à peu près de la sorte dans les manuels d’histoire et de géographie, chez nous comme dans le reste du monde.
Même si le Français peut, à l’étranger, être caricaturé pour certains de ses excès, cette accentuation des traits qui souligne les petits défauts comme certaines grandes lacunes achève de démontrer la place importante qu’occupe notre pays dans le monde.
Les régimes politiques se sont succédés. Et certaines trajectoires socio-économiques sont loin d’être rectilignes, offrant aux observateurs une sinuosité qui n’a pourtant rien d’une quelconque instabilité.
Les clivages politiques ont toujours été forts. L’avantage est qu’ils proposaient, lors de chaque grand rendez-vous électoral, un choix presque sans nuances. La démocratie étant solidement ancrée dans nos traditions, ces allers-retours gauche-droite auront permis de « tester » les modèles économiques et sociaux qui étaient proposés aux électrices et aux électeurs. Avec plus ou moins de bonheur. Avec un succès parfois mitigé. Avec des écarts de comportement ou de gouvernance qui pouvaient, dans certains cas, paraître insupportables.
Revenir sur des avantages acquis n’est pas chose simple et tous ces petits « plus », tous les fruits des combats sociaux, toutes ces dispositions gagnées de haute lutte ne se remettent que très difficilement en question.
Nicolas Sarkozy a eu certes raison de souligner l’erreur commise, par idéologie, consistant à fixer par la loi l’âge de départ à la retraite à 60 ans. François Mitterrand a sans doute été le plus grand distributeur de billets que le pays ait connu dans son histoire contemporaine et les générations actuelles et futures continuent de payer, au prix fort, les largesses accordées, très au-dessus de nos moyens, mais qui, politiquement, étaient certaines de rencontrer un écho très fort dans le pays.
A l’heure où le débat sur le financement des retraites est ouvert, débat qui, par principe, exclut toute remise en cause du système par répartition, à l’heure où se discute au parlement la réforme territoriale qui, du fait des amendements divers, va rajouter encore une strate administrative de trop dans un paysage institutionnel décentralisé et surencombré, alors que la loi sur l’horaire hebdomadaire de travail pèse encore lourdement sur notre économie, la question se pose si la France ne devrait pas accepter de regarder dans une glace et constater ainsi son principal défaut. Le défaut est là, récurrent, revenant à chaque mandature, un défaut qui conduit nos dirigeants, de l’exécutif et du législatif, à être toujours plus généreux. Avec l’argent des autres. Généreux pour les retraites, généreux pour le temps de travail, carrément laxiste pour l’aide sociale y compris aux ressortissants étrangers sur notre sol, notre pays a désormais les caisses vides, les poches trouées, un endettement massif et c’est de cet excès de générosité, qui se traduit par une pression fiscale insupportable et des prélèvements excessifs, dont il faut mesurer la portée comme la cause.
La France, si généreuse mais au-delà de ses moyens, este entrée dans une spirale de déclin amorcée il y a plus de trente ans. Cette France que nous aimons et qui est aimée et respectée hors de nos frontières naturelles, ne peut plus désormais se payer le luxe d’être laxiste.
C’est là, tout simplement, son talon d’Achille …
Bernard Marx